jeudi, décembre 26

La grasse matinée compte de nombreux adeptes.
Mais qu’il s’agisse de reprendre des forces ou rattraper un retard de sommeil, il convient d’encadrer cette pratique.
On fait le point sur ce que dit la science.

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Bien dans son corps, bien dans sa tête

La semaine vient à peine de commencer que certains attendent déjà avec impatience le week-end à venir, en pensant aux longues heures qu’ils pourront passer à traîner au lit, en étirant leur sommeil au-delà de toute limite. En témoignent les Bretons interrogés par TF1 dans le reportage du JT à retrouver dans la vidéo en tête de cet article. « C’est super, j’adore !, lance ainsi une femme. Moi, c’est jusqu’à 13 heures le week-end quand je me suis couchée tard« .

Mais attention : si la fameuse grasse matinée peut paraître réconfortante, voire réparatrice, cette pratique n’est pas tout à fait sans risque.

Gare au « jet lag social »

Les études scientifiques consacrées au sujet se contredisent sur certains points, mais s’accordent toutes à considérer que le sommeil doit être le plus régulier possible, pour respecter notre rythme circadien. C’est-à-dire notre horloge interne, qui régit les grandes fonctions biologiques humaines (sommeil, rythme cardiaque, pression artérielle, mémoire, capacités cognitives, sécrétions hormonales, alimentation…) en fluctuant sur un cycle de 24 heures, en harmonie avec la rotation de la Terre sur elle-même et autour du soleil, ainsi qu’avec la rotation de la lune autour de la Terre.

« Notre horloge interne, nous permettant de respecter ce rythme circadien, se situe dans le cerveau, dans deux minuscules structures cérébrales appelées noyaux supra-chiasmatiques, qui sont situés dans le lieu de croisement des deux nerfs optiques », détaille, pour Santé Magazine (nouvelle fenêtre), la docteure Pascale Ogrizek, médecin du sommeil à Paris. Dit autrement : ce sont nos yeux, donc la lumière du jour, qui établissent un lien entre cette horloge biologique et notre environnement naturel.

D’où la nécessité, pour le corps humain, d‘accorder autant que possible son cycle avec celui du soleil. Problème : nos emplois du temps effrénés, le stress, voire nos addictions aux écrans, nous conduisent souvent à ne pas respecter ce principe, ce qui incite à compenser durant le week-end, les jours fériés ou les vacances, les nuits écourtées durant nos semaines de travail.

Une étude de l’université Health Science d’Arizona, aux États-Unis, publiée en 2022, compare les répercussions de grasses matinées régulières à un « jet lag social ». En fait, un décalage entre le rythme biologique naturel et la vie sociale qui constituerait, selon ces scientifiques, une agression, pour notre corps, similaire à celle d’un aller-retour Paris-New York le temps d’un seul week-end. De quoi augmenter de 11% les risques de maladies cardiovasculaires, mais aussi favoriser la dépression, le diabète de type 2, les troubles métaboliques, voire le cancer, estiment les chercheurs.

« Cela peut augmenter le risque de maladies chroniques, les marqueurs inflammatoires, dégrader le microbiome intestinal et entraîner des changements indésirables dans les facteurs de risque cardiovasculaire. Des associations entre le jet-lag social et une mauvaise alimentation, adiposité et troubles métaboliques ont aussi été largement rapportées », appuie une autre étude, publiée en août 2023 dans The European Journal of Nutrition.

Rassurez-vous : « Le sommeil court en semaine n’est pas un facteur de risque de mortalité s’il est combiné avec un sommeil de week-end moyen ou long », conclut, pour sa part, une étude menée par l’université de Stockholm. À condition, précise-t-elle, de limiter la longueur des grasses matinées à deux heures de sommeil supplémentaires par rapport à l’horaire de réveil en semaine, sous peine, là encore, de dérégler son horloge biologique et provoquer des insomnies, qui accentueront encore la fatigue. « Si on est en déficit de sommeil, mieux vaut une petite sieste en début d’après-midi, tranche, au micro de TF1, le docteur Erwan Silliau. Parce qu’en cas de grasse matinée, on voit que les gens ont plus de mal à trouver le sommeil le soir même. »


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Irvin BLONZ, Julien DENNIEL, Tara LAGOUTTE

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