vendredi, septembre 20

Près d’une quarantaine de femmes accusent l’ex-propriétaire de Harrods d’agressions sexuelles.
Au moins cinq d’entre elles accusent de viols le père du dernier amant de la princesse Diana, décédé en 2023.
Leurs avocats comparent cette affaire à celles ayant visé Jeffrey Epstein et Harvey Weinstein.

Au moins 37 femmes accusent de viols et d’agressions sexuelles l’ex-propriétaire de Harrods Mohamed Al-Fayed, mort en 2023, ont annoncé vendredi leurs avocats. Ces derniers ont dénoncé un « système » de prédation et comparé l’affaire à celles ayant visé les Américains Jeffrey Epstein et Harvey Weinstein.

Ces femmes, originaires d’Australie, de Malaisie, d’Italie, de Roumanie, des États-Unis et du Canada, ont affirmé avoir été victimes de violences sexuelles commises par Al-Fayed. Au moins cinq d’entre elles l’accusent de viols. Certaines des plaignantes étaient mineures au moment des faits, « âgées seulement de 15 et 16 ans », selon les avocats qui ont annoncé intenter une action en justice contre Harrods.

La direction de Harrods était au courant

Ils ont dénoncé « un quart de siècle d’agressions sexuelles », affirmant que la direction du célèbre grand magasin londonien, vendu par Al-Fayed en 2010, en avait « connaissance ». Les accusatrices sont pour beaucoup d’anciennes employées de Harrods, et certaines du Ritz à Paris, un hôtel de luxe dont l’homme d’affaires était également propriétaire. 

Al-Fayed « était un monstre, un monstre qui a pu agir grâce à un système (…) mis en place et établi par Harrods », a affirmé l’avocat Dean Armstrong, en ouverture d’une conférence de presse à Londres. Celle-ci s’est tenue au lendemain de la diffusion d’une enquête de la BBC, intitulée Al-Fayed : un prédateur chez Harrods. Une vingtaine de femmes ont témoigné dans ce documentaire. Une dizaine étaient présentes vendredi lors de la conférence de presse.

Un schéma répétitif d’agressions

Depuis sa diffusion, plusieurs autres se sont manifestées pour dénoncer des agressions dont elles accusent le père du dernier amant de la princesse Diana, Dodi, mort avec elle dans un accident de voiture à Paris le 31 août 1997. « Nous poursuivons Harrods et nous nous focalisons sur Harrods à ce stade au nom de la responsabilité collective d’entreprise », a expliqué l’avocat, ajoutant disposer d’éléments montrant que ces agissements constituaient un schéma répétitif.

« Si la direction de Harrods pense qu’elle doit dédommager ces femmes financièrement (…) bien sûr, c’est quelque chose que nous saluerions, mais nous n’accepterons pas qu’on nous accuse d’être intéressés seulement par l’argent. Il s’agit de bien plus que cela », a-t-il ajouté.

Des accords à l’amiable ont été conclus

La direction actuelle du célèbre magasin, passé sous pavillon qatari en 2010, a « fermement condamné » le comportement de son ancien propriétaire, et présenté ses excuses pour avoir « laissé tomber (les) employées qui ont été ses victimes ». Le grand magasin a conclu des accords amiables avec une partie des accusatrices qui se sont manifestées depuis 2023. De nouvelles demandes ont été reçues après la diffusion du documentaire de la BBC.

De son côté, le Ritz Paris a indiqué à l’AFP « condamner fermement toute forme de comportement non conforme aux valeurs de l’établissement », ajoutant qu’il était « fermement engagé à favoriser un environnement dans lequel les employés et les clients sont traités avec respect et intégrité ».

Des méthodes comparables à celles de Jeffrey Epstein

Vendredi à Londres, les avocats des accusatrices ont appelé les autres victimes potentielles à se manifester. Gloria Allred, avocate américaine connue pour défendre les droits des femmes dans des procès très médiatiques, dont celui du financier Jeffrey Epstein, a souligné que « sous le strass et le glamour » du célèbre grand magasin, existait « un environnement toxique, dangereux et violent ».

L’avocat Dean Armstrong a comparé Al-Fayed à Epstein « parce qu’il y avait un système d’approvisionnement en place pour trouver les femmes » qui allaient ensuite être sexuellement agressées. Selon la BBC, il avait déjà été accusé de faits similaires et la police avait ouvert une enquête en 2015 pour viol. Sollicitée par l’AFP, la police de Londres explique avoir enquêté à plusieurs reprises sur des faits d’agressions sexuelles, visant Mohamed Al-Fayed, sans qu’aucune poursuite ne soit ensuite engagée contre lui.

Mohamed Al-Fayed « un prédateur malade »

Mohamed Al-Fayed était « un prédateur malade », a déclaré Natacha, l’une des accusatrices. « J’étais si jeune, je ne savais pas quoi faire ni comment réagir », a-t-elle ajouté, disant « ne plus avoir peur ». Elle raconte avoir suivi des examens gynécologiques imposés par l’ex-propriétaire du grand magasin et décrit les rencontres avec celui-ci, « ses mains sur mon visage » et « sur mon corps ».

« J’ai été soumise à des tests de dépistage du VIH et de dépistage des IST » (infections sexuellement transmissibles), a-t-elle raconté. Comme elles, plusieurs autres accusatrices ont été contraintes de passer ces tests, ont révélé les avocats. « C’était un monstre, même si nous n’en avions pas conscience à l’époque », a martelé Natacha. Mohamed Al-Fayed, né le 27 janvier 1929 dans une banlieue modeste d’Alexandrie, en Egypte, a passé une grande partie de sa vie en Grande-Bretagne, où il était devenu propriétaire de Harrods en 1985 et du club de foot de Fulham FC entre 1997 et 2013.


Rania HOBALLAH | avec AFP

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