Deux mois après le second tour des élections législatives, le 7 juillet, qui ont vu la coalition du Nouveau Front populaire (NFP) arriver en tête, Emmanuel Macron a nommé, jeudi 5 septembre, Michel Barnier, 73 ans, ancien commissaire européen Les Républicains (LR), au poste de premier ministre. Ce choix intervient au terme d’une longue valse-hésitation du président de la République, confronté à une situation inédite. M. Macron demande à M. Barnier de « constituer un gouvernement de rassemblement au service du pays », a indiqué l’Elysée, jeudi midi.
Le nom de l’ancien ministre des affaires étrangères de Jacques Chirac a resurgi mercredi en fin de journée, l’Elysée renonçant à une annonce mercredi soir. Il satisferait aux deux principaux critères fixés par le chef de l’Etat : la « non-censurabilité » par l’Assemblée nationale « et la capacité à faire des coalitions ». Atout majeur de Michel Barnier pour s’imposer à Matignon : il aurait les faveurs du secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler. Le Savoyard est aussi, selon une ancienne ministre, « moins clivant » et « plus consensuel » que les profils jusqu’ici envisagés.
Les deux « finalistes », Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand, reçus lundi par le chef de l’Etat, ont finalement été écartés mercredi. Le premier, non assuré de recueillir le feu vert du Parti socialiste qu’il a quitté, a été écarté par Emmanuel Macron parce qu’il voulait rester « droit dans ses bottes » sur un programme de gauche, souhaitant notamment remettre en cause la réforme des retraites. Le président LR de la région Hauts-de-France s’est lui heurté à un « front anti-Bertrand », le NFP et le Rassemblement national (RN) menaçant de le censurer d’emblée.
Pas d’ambition présidentielle
Le nom de Michel Barnier, qui avait concouru à la primaire de la droite en 2021, circulait déjà depuis l’été, parmi les noms égrenés par le chef de l’Etat devant certains de ses interlocuteurs. Il était soutenu notamment par l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Il présente l’avantage, pour Emmanuel Macron, d’entretenir des relations plus apaisées avec le président de LR, Laurent Wauquiez, que Xavier Bertrand. Et de ne pas avoir d’ambition présidentielle.
Le gaulliste, ancien négociateur du Brexit au nom de l’Union européenne, verra-t-il à son tour le Rassemblement national se lever contre lui ? Alors que le groupe présidé par Marine Le Pen se pose depuis quelques jours en « arbitre » pour la nomination du premier ministre, les réactions au sein du parti à la flamme sont mitigées. « On fait du Jurassic Park », « Michel Barnier est un fossile », s’est insurgé jeudi matin le député RN Jean-Philippe Tanguy sur France Inter, alors que la rumeur de sa nomination imminente se répandait. Jugeant même « stupide » l’ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy.
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