Au terme d’un suspense interminable, l’ancien commissaire européen a succédé à Gabriel Attal ce jeudi 5 septembre à Matignon.
Lors de la passation de pouvoir, il a dit vouloir « trouver des solutions qui marchent » en s’ouvrant à l’ensemble de la classe politique.
D’après son entourage, Emmanuel Macron lui laissera « la liberté » de composer son équipe gouvernementale.
Suivez la couverture complète
Michel Barnier nommé Premier ministre après 51 jours d’attente
C’est la surprise du chef. L’homme de la synthèse aussi ? Après avoir envisagé de confier Matignon à Bernard Cazeneuve et à Xavier Bertrand, c’est vers Michel Barnier qu’Emmanuel Macron s’est tourné pour former le prochain gouvernement. Lors la passation de pouvoir avec Gabriel Attal, l’ancien commissaire européen a affiché sa volonté de « davantage agir que parler » et de « dire la vérité« , notamment sur « la dette financière et écologique« .
« Il s’agira de répondre, autant que nous le pourrons, aux défis, aux colères, aux souffrances, au sentiment d’abandon, d’injustice« , a déclaré Michel Barnier, disant vouloir « trouver des solutions qui marchent avec tous ceux qui, de bonne volonté, voudront résoudre les difficultés nombreuses et profondes du pays« .
Il a déjà multiplié les coups de fils
Pour y parvenir, « il faudra beaucoup d’écoute » et « du respect à l’égard de toutes les forces politiques qui sont représentées » au Parlement, sans exclure donc le Rassemblement national qui détient les clés d’une éventuelle censure de son gouvernement. Le nouveau Premier ministre, qui devra proposer un gouvernement au chef de l’Etat, « aura la liberté » sur la composition de son équipe, assure-t-on de même source.
Sans attendre, Michel Barnier a multiplié les appels téléphoniques avant même sa prise de fonction. En commençant par l’ex-majorité et la droite : Edouard Philippe, qui vient d’annoncer sa candidature à la prochaine élection présidentielle, Nicolas Sarkozy, François Bayrou, Laurent Wauquiez ainsi que la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et celui du Sénat, Gérard Larcher.
Quand on est sectaire, c’est qu’on n’est pas sûr de ses idées
Quand on est sectaire, c’est qu’on n’est pas sûr de ses idées
Michel Barnier
D’après son entourage, « certaines personnalités de gauche » ont également été contactées et d’autres échanges devaient suivre dans les prochains jours, y compris avec LFI et le Rassemblement national, car « il veut rassembler et respecter tout le monde« . Pour composer son gouvernement, Michel Barnier « aura la liberté » sur la composition de son équipe, assure-t-on de même source.
Quid de sa politique ? Répondant à Gabriel Attal, il a affirme que « l’école restera la priorité du gouvernement« , avant d’évoquer ses autres chantiers principaux comme « l’accès aux services publics« , « la sécurité au quotidien« , « la maîtrise de l’immigration« , ainsi que le travail et le pouvoir d’achat. Il a également dit vouloir « reprendre » certains des « projets de loi restés en suspens » et y « ajouter ma propre valeur ajoutée« .
Enfin, comme le Premier ministre démissionnaire qui avait évoqué sa mère durant son (très) long discours dans la cour de Matignon, Michel Barnier a cité la sienne en gage de son ouverture aux autres forces politiques. « Le sectarisme est une preuve de faiblesse. Quand on est sectaire, c’est qu’on n’est pas sûr de ses idées« , a-t-il lâché.
Après avoir attendu 51 jours la nomination d’un nouveau Premier ministre, les Français seront-ils réceptifs à la méthode Barnier ? D’après un premier sondage Harris Interactive réalisé pour LCI, 51% font confiance à l’ancien commissaire européen… Mais 58% pensent qu’il n’aura pas la confiance de l’Assemblée. 59% estiment également qu’il ne prendra pas compte du résultat des élections législatives.