Le pape François va se rendre à Ajaccio pour participer à un colloque sur la religiosité populaire en Méditerranée prévu les 14 et 15 décembre.
Une visite inédite que l’île de Beauté doit à Mgr Bustillo, le très populaire évêque de la cité impériale.
Ce dernier a connu une rapide ascension médiatique.
Pari réussi pour Mgr François Bustillo. Le très populaire évêque d’Ajaccio va le devenir un peu plus ce samedi : il est celui qui a réussi à convaincre François d’effectuer une visite en Corse, une première pour un pape, à la mi-décembre.
Ce séjour aura lieu à l’occasion d’un colloque sur la religiosité en Méditerranée prévu les samedi 14 et dimanche 15 décembre à Ajaccio. Il n’y a « aucun obstacle à la venue du Pape, mais il faut respecter la volonté du Vatican, la volonté de la présidence de la République pour que ça se fasse. C’est une question d’heures« , avait précisé jeudi Mgr Castillo, lors d’une conférence de presse où il avait présenté le site internet officiel, www.lepapeencorse.corsica, où tous les détails seront communiqués et où « tous les Corses auront la possibilité de contribuer« .
« Bustillomania »
Pour le Franco-Espagnol de 55 ans, cette visite papale s’apparente à une consécration. Celui qui a été nommé évêque de Corse en 2021 connait d’ailleurs bien le souverain pontife : Il a été fait cardinal par François en septembre 2023. Avant cela, ce franciscain à la taille de basketteur et l’accent chantant a étudié la philosophie et la théologie à Padoue (Italie) puis Toulouse avant d’officier à Narbonne (Aude) pendant 24 ans. « Son accession au cardinalat a été une surprise, un jeune évêque avec deux ans d’épiscopat. Ça prouve sa proximité avec le pape« , a glissé à l’AFP un évêque.
Assurant ne pas avoir signé pour « entrer dans le Titanic et couler », François Bustillo, fan de tennis et de nage en mer, estime que l’Église catholique doit « faire rêver, pas pleurer« . Et depuis son arrivée dans l’île, il s’y emploie, suscitant une véritable « Bustillomania« . Pour preuve, ces 800 Corses venus l’accompagner au Vatican pour son passage au rang de cardinal.
Autre exemple d’une popularité grandissante en novembre 2023 avec la couverture de Paris-Match. Le magazine, propriété du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, salue son « irrésistible ascension au sein de l’Église catholique », dans un article rédigé par l’un des co-auteurs de son livre, « Le cœur ne se divise pas ». Préfacé par le pape François, l’ouvrage a été publié chez Fayard, également propriété de Vincent Bolloré.
L’évêque devenu cardinal est aussi très politique, dans une île dirigée par les autonomistes et en pleine négociation avec Paris. « La Corse doit retrouver son autonomie, sa liberté et sa capacité à gérer sa vie politique, économique, culturelle et même sanitaire« , déclarait-il ainsi en janvier au média en ligne Corse Net Infos. À Ajaccio, en septembre 2023, Emmanuel Macron l’avait rencontré, hors programme officiel, avant de proposer à l’Assemblée de Corse « une autonomie dans la République » pour l’île méditerranéenne de 350.000 habitants.
Fin août, le cardinal se fait remettre la Légion d’honneur par Mathieu Pacaud, restaurateur étoilé qui a notamment officié dans l’un des restaurants du luxueux domaine hôtelier de Murtoli (Corse-du-Sud), selon leurs comptes Instagram respectifs. « On a un lien amical », a précisé le cardinal à l’AFP. Parmi la centaine de convives présents à l’évêché figurent Catherine Vautrin, alors ministre du Travail, et pas encore « Madame Corse » du gouvernement, mais aussi Paul Canarelli, propriétaire multicondamné du domaine de Murtoli, notamment, en première instance, pour recel de malfaiteur au procès de la cavale d’une figure du banditisme corse.