mardi, décembre 16
Les députés européens votent sur l’accord commercial transatlantique entre les pays latino-américains membres du Mercosur et l’Union européenne, au Parlement européen, à Strasbourg, le 16 décembre 2025.

Le Parlement européen a approuvé, mardi 16 décembre, des mesures de protection renforcées pour les agriculteurs européens, afin de limiter l’impact éventuel de l’accord de libre-échange avec les pays latino-américains membres du Mercosur. Soutenues par 431 voix contre 161, ces mesures de sauvegarde prévoient un suivi des produits sensibles comme le bœuf, la volaille ou le sucre, et une possible réintroduction de droits de douane en cas de déstabilisation du marché.

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Mardi, le Parlement européen a opté pour une protection plus forte que ce qu’avaient voté les Etats membres. Les eurodéputés voudraient que la Commission européenne intervienne si le prix d’un produit du Mercosur est au moins 5 % inférieur à celui de la même marchandise dans l’UE et que le volume des importations détaxées augmente de plus de 5 %. La proposition initiale fixait ces seuils à 10 %. Etats et Parlement européen vont maintenant tenter de trouver un compromis sur ce volet.

Ursula von der Leyen espère toujours signer ce traité de libre-échange lors du sommet du Mercosur, samedi, dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu. Mais la présidente de la Commission a besoin au préalable de l’aval des Etats membres. Sur fond de mobilisation agricole, la France a fait monter la pression en demandant un report du vote en 2026. L’Allemagne a, à l’inverse, appelé à signer ce traité cette semaine. Tout dépendra de l’Italie, qui a soufflé le chaud et le froid ces derniers mois.

Manifestation des agriculteurs jeudi à Bruxelles

Ce traité favoriserait les exportations européennes de voitures, de machines, de vins et de spiritueux. En retour, il faciliterait l’entrée en Europe de viande, de sucre, de riz, de miel ou de soja sud-américains, ce qui alarme les filières concernées. Les syndicats agricoles européens restent vent debout contre cet accord commercial avec l’Argentine, le Brésil, la Bolivie, l’Uruguay et le Paraguay et prévoient une manifestation, jeudi à Bruxelles.

L’organisateur, le lobby agricole COPA-Cogeca, attend jusqu’à 10 000 personnes à Bruxelles, dont un contingent de 4 000 Français, mais aussi des représentants des Vingt-Sept, ont indiqué mardi à la presse des dirigeants de l’alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes Agriculteurs (JA). Des défilés devraient aussi avoir lieu en France, sur fond de protestation contre la stratégie nationale de lutte contre la dermatose nodulaire contagieuse. « La crise sanitaire ne doit pas cacher la crise structurelle que connaît l’agriculture. Le sujet de la politique agricole commune, du Mercosur, de la taxe d’ajustement carbone aux frontières [est] la goutte d’eau qui fait déborder le vase », a mis en garde le secrétaire général de la FNSEA, Hervé Lapie, qui parle d’« une crise existentielle ».

L’enveloppe proposée par la Commission européenne pour la prochaine PAC (2028-34), en repli de 20 % et « diluée » dans un budget européen plus général, « n’est pas acceptable », a également dénoncé le vice-président des JA, Maxime Buizard-Blondeau. « Nous n’accepterons pas que l’agriculture ne dispose plus une politique dédiée. Il y a encore vingt ans, la politique agricole commune représentait plus de la moitié du budget de l’Union européenne. Là où, dans la prochaine proposition, ce sera moins de 30 % », a-t-il ajouté.

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Le Monde avec AFP

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