jeudi, octobre 24

Depuis qu’il a pris son bâton de pèlerin, en mai 2023, pour aller frapper aux portes de ses voisins, Etienne Cocco a toujours reçu un accueil poli. Mais cet habitant de Pessac (Gironde) n’a jamais eu le sentiment de passionner ses interlocuteurs en les renseignant sur le mode de vie du moustique-tigre et les gestes qui aident à s’en préserver, malgré l’importance de l’enjeu sanitaire et de la mobilisation de chacun dans la lutte contre ces insectes vecteurs de maladies potentiellement graves. « C’est un peu décevant, quand on voit qu’on n’arrive pas à convaincre », témoigne le retraité de 75 ans, ancien enseignant.

Alors que la Gironde est déclarée « colonisée » par le moustique-tigre depuis 2012, M. Cocco a intégré l’an dernier une brigade de 70 « ambassadeurs » bénévoles de la lutte antimoustique. Ces Pessacais ont reçu une formation avant d’aller prêcher la bonne parole auprès de leurs concitoyens. Principal message : il faut supprimer la moindre rétention d’eau qui pourrait servir de gîte pour les larves. Quelques centimètres cubes suffisent, comme une coupelle disposée sous la plante en pot qu’on vient d’arroser, ou les plis d’une bâche laissée sous la pluie.

Les piqûres du « tigre » ne sont pas qu’une nuisance : l’insecte peut transmettre des arbovirus tels que la dengue, le chikungunya ou Zika, en piquant une personne malade puis une personne saine. En Gironde, de tels cas de transmission « autochtone » n’ont jamais été enregistrés, selon l’Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine et Santé publique France ; mais en 2023, 78 cas de dengue et 2 cas de chikungunya « importés » – c’est-à-dire des voyageurs malades en provenance de l’étranger ou de départements d’outre-mer – ont été détectés, suscitant 58 opérations de démoustication pour bloquer tout départ d’épidémie.

Tâche de longue haleine

A la date du 23 juillet, l’ARS a enregistré trente-deux cas importés de dengue et un cas importé de chikungunya. L’agence surveille d’autant plus la situation que des visiteurs du monde entier sont attendus au stade de Bordeaux entre le 24 juillet et le 2 août pour la compétition olympique de football. D’après l’édition européenne de The Lancet Countdown, une publication de référence consacrée à l’impact du changement climatique sur la santé, en date du 12 mai, la pression de ces maladies est appelée à s’accentuer : « L’augmentation de la mobilité des humains, combinée à la hausse de l’adéquation climatique, contribue à une poussée des maladies arbovirales en Europe », écrivent les scientifiques.

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