Melha Bedia revient ce vendredi 27 septembre avec la saison 2 de la série qu’elle a créée et dont elle tient le premier rôle.
Une pépite d’émotion douce-amère qui nous avait cueillis par surprise il y a deux ans, entre rire gras et drame intime.
La comédienne nous raconte la « petite magie » qui a entouré la réception de la première saison, la conception de la deuxième et comment elle « n’a rien lâché » pour se lancer dans l’humour malgré les réticences de son frère aîné Ramzy.
À l’entendre faire la comparaison, cette dernière semble tellement évidente qu’on s’étonne de pas y avoir pensé plus tôt. « La première miskina qu’on a vue à l’écran, c’était Bridget Jones », souligne Melha Bedia. Miskina, « la pauvre » en arabe, une interjection lancée à ceux qui n’ont vraiment pas de chance ou qui ne cochent tout simplement pas les cases qu’on attend d’eux. L’humoriste de 33 ans en a fait le surnom de Fara, une héroïne profondément attachante sous la salve de vannes qui lui sert de carapace.
Deux ans après une première saison très surprenante qui faisait le lien entre les générations et les cultures , Miskina reprend le récit où il s’était arrêté. La trentenaire a évolué mais les galères ne l’ont pas quittée. Ses questionnements sur le deuil s’ajoutent à ceux sur son rapport à sa vie de femme, à la religion et à ses aînés. Une quête de vérité pas toujours simple quand on a grandi dans une famille où le mensonge est roi. Rencontre avec Melha Bedia, créatrice, scénariste et surtout interprète de cette série qui parle finalement d’un peu de chacun d’entre nous aussi.
Ce qui me touche chez les miskines ou les miskinas, c’est qu’on en est tous un
Ce qui me touche chez les miskines ou les miskinas, c’est qu’on en est tous un
Melha Bedia
La première saison a été applaudie par la critique et le public, nombreux à l’avoir suivie. Vous attendiez-vous à un tel accueil ?
Pas du tout ! J’étais en chocotte max. On m’a toujours dit : « Si t’as des bêtes de critiques en presse, t’auras pas le succès populaire ». Je préfère évidemment avoir les gens mais il y a eu les deux. Je ne sais pas ce qui s’est passé, une espèce de petite magie autour de la saison un. On a été le plus sincère possible, c’est trop cool donc merci.
La deuxième saison était déjà écrite ?
On nous avait dit de préparer des arches pour la saison suivante, ils attendaient de voir si ça marchait. Si ça marchait, tu continuais l’écriture. On avait commencé celles de la saison 2 un peu avant quand même. Pour la saison 3, on a juste des pistes pour l’instant.
Fara n’avait pas d’appart, pas de boulot, pas de petit ami non plus. Elle semble cocher enfin les cases que sa famille attendait d’elle. Peut-on encore l’appeler « Miskina » ?
Bien sûr ! C’est un truc que t’as dans le sang. La première miskina qu’on a vue à l’écran, c’était Bridget Jones. Ce qui me touche chez les miskines ou les miskinas, c’est qu’on en est tous un. Personne ne réussit ce qu’il entreprend tout de suite. Même si Fara a obtenu ce qu’elle voulait dans la saison précédente, tout dégringole assez vite pour elle. Il y a toujours un petit truc à redire. Miskina ne meurt jamais, 007 !
La question du choix est une thématique centrale dans ces nouveaux épisodes…
Fara me ressemble vachement, moi non plus je n’arrive pas à choisir. J’ai peur de léser. Je n’ai pas assez confiance en moi pour prendre des décisions cash. On a aussi rajouté une thématique qui me tenait à cœur, celle du deuil. En perdant sa grand-mère, elle a perdu son repère. Rania, c’était le maître à penser de la famille Alaoui. Fara se retrouve livrée à elle-même et doit prendre le relais. Ça déclenche plein de questions chez elle.
Une réplique résume parfaitement bien ce qui se joue dans Miskina : « Ce qui est ouf dans notre famille, c’est que quand on croit qu’on a touché le fond, bah nous on creuse encore ». C’était ça, le pitch à Amazon ?
Pas du tout ! Chez Amazon, ils nous ont juste demandé si on pouvait faire une série rigolote. Au final, ils ont eu un truc doux-amer avec des onirismes et ils nous ont dit : « Ah ! Nous, on ne voulait que des blagues ». Mais ça a marché donc ils nous ont demandé de monter un peu les curseurs de l’humour en saison 2.
Comment s’est faite la rencontre avec Xavier Lacaille, l’interprète de Damien qui est aussi l’un de vos co-scénaristes ?
Notre relation est tellement super que j’aimerais la voir au cinéma ! C’est notre productrice Margaux Marciano qui nous a présentés dans un café parisien il y a quatre-cinq ans. On a eu un coup de cœur, il comprenait tout ce que je voulais dire. S’il n’était pas marié, ce serait l’homme idéal pour moi. On se complète de ouf. Il est intelligent, il est brillantissime, il est marrant, il est beau. Il a un truc, Xavier ! Je conseille à tous ceux qui veulent écrire d’avoir un Xavier dans leur room d’écriture. C’est le meilleur !
La petite Melha rêvait d’être footballeuse et de faire des blagues
La petite Melha rêvait d’être footballeuse et de faire des blagues
Melha Bedia
Vous chantez dans le premier épisode, c’est un héritage de votre passage dans « The Voice » en tant que co-coach avec Mika ?
Pour que les choses soient claires, je n’étais pas légitime pour ça. Mais Mika m’adore, je l’adore aussi. Il est venu me voir en spectacle et m’a appelée. Je me suis dit qu’il fallait quand même être un chanteur ou une chanteuse pour juger. Mais ce n’est pas ce que j’ai fait. Il m’a dit : « Mais tu pourrais parler de présence scénique, tu es réalisatrice, tu as fait de la scène ». Il a tellement insisté que j’ai accepté et j’ai kiffé ! Je me suis marrée. C’est mon rêve d’avoir une belle voix. Si c’était le cas, je serais chanteuse. Malheureusement, j’ai une voix de pompiste donc je suis humoriste.
Fara rêve d’ouvrir un food truck. C’était quoi le rêve de la petite Melha ?
Elle rêvait d’être footballeuse et de faire des blagues. J’ai un peu réussi la première partie. Entre 9 et 11 ans, je jouais dans la section fille du PSG. Je devais partir à l’étranger pour me perfectionner. On me voulait, il y avait une détection. Mais ma mère a dit non donc j’ai décidé d’aller faire du théâtre à Asnières-sur-Seine.
Elle penserait quoi cette petite Melha de ce qu’elle fait aujourd’hui ?
Je ne sais pas… Je pense qu’elle serait contente et fière d’elle. Mais elle lui dirait : « Viens jouer au Five d’Aubervilliers, ça nous manque ».
Comment réussit-on à se faire un prénom quand on arrive dans l’humour avec un frère au nom déjà installé ?
Il ne faut pas lâcher. Au départ, Ramzy ne voulait pas que je fasse ce métier. Il s’est dit : « Je vais lui faire passer un test. Je ne vais pas lui parler, je vais lui faire la misère. On va voir si c’est une lubie ou une passion ». C’était un peu l’épreuve du feu. Je me suis vite rendu compte que c’était ma passion. Même si demain ça ne marche plus, j’aurai toujours envie de faire rire le chauffeur de bus, une vieille dame ou le pharmacien. Ma vie, c’est de faire rire. J’adore l’humour ! Si je n’entends pas un rire dans la journée, je ne suis pas bien ! Je me suis concentrée et j’ai décidé de ne pas calculer mon frère. C’est comme quand tu es gosse. On te dit de ne pas toucher la cheminée et tu mets la main dedans. Ramzy m’a dit : « Non, non, pas l’humour » et j’ai mis la main dans l’humour. Si ça marchait tant mieux, sinon j’aurais ouvert ma rôtisserie.
Quand avez-vous compris que ça marchait ?
Quand j’ai entendu les premiers rires, quand j’ai vu qu’on voulait me produire sans me parler de mon frère, quand j’étais prise aux castings. Pour moi, c’était fou ! Je n’y croyais pas une seule seconde. Je ne crois d’ailleurs toujours pas que Miskina a eu deux saisons.
Il en pense quoi de cette Miskina, Ramzy ?
Il est très fier, très très fier. Ça me gêne un peu mais maintenant il m’appelle pour des conseils. Je lui réponds : « Je ne peux pas t’aider ! » On voulait qu’il apparaisse dans la saison 2 de Miskina mais il n’était pas disponible.
Quel conseil donneriez-vous à ceux qui souhaitent se lancer dans le stand up ?
Si t’es drôle à la machine à café, tu peux être drôle sur scène. J’ai été drôle en terrasse et je suis montée sur scène sans expérience. Je savais juste qu’il y avait cour et jardin mais je ne savais pas où. Si t’as une sincérité à faire rire, utilise-la. J’ai commencé avec l’impro parce qu’écrire, ça me tétanisait. Plus tu vas jouer, plus tu vas tester et plus tu seras à l’aise.
>> Miskina – saison 2 (6 x 26′) avec Melha Bedia, Shirine Boutella, Hakim Jemili, Victor Belmondo et Xavier Lacaille, disponible sur Prime Video