Jean-Luc Mélenchon, entendu ce samedi 6 décembre par la commission d’enquête sur les liens supposés entre les partis politiques et les mouvances islamistes, n’a pas pu résister à une « taquinerie ». Et c’est Laurent Wauquiez, président du groupe Droite Républicaine et initiateur de cette commission d’enquête, qui en a fait les frais.
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« Je ne peux manquer de vous taquiner et de vous demander pourquoi dans vos auditions vous n’avez pas consulté des personnes qui me semblaient d’un plus grand intérêt que moi sur le sujet », a pointé Jean-Luc Mélenchon dans son propos liminaire, avant ce rendez-vous attendu.
Parmi les noms cités par ses soins, le président de l’Institut du Monde Arabe Jack Lang, l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve « qui a vécu en première ligne l’attentat épouvantable » du Bataclan et le président de l’époque François Hollande, ou encore… Laurent Wauquiez. « C’est lui qui a inventé cette commission. Il s’y est tellement mal pris qu’il a fallu en changer le nom. Et pour finir, il vous abandonne, il (ne) vient même pas ! », a raillé le fondateur de la France insoumise.
« Où est passé monsieur Wauquiez ?
Et de poursuivre, sourire en coin : « Il aurait peut-être des idées, c’est lui qui a inventé l’idée que nous serions responsables, nous insoumis, de quelque connivence (avec les mouvements propageant une idéologie islamiste, ndlr). Où est passé monsieur Wauquiez ? Pourquoi ne vient-il pas ici ? Pourquoi ne vous supplie-t-il pas, président (Xavier Breton), de pouvoir venir vous tenir informé de ce qui l’a motivé à nous pourchasser comme il le fait ? »
En tant que président du groupe Droite Républicaine, Laurent Wauquiez a usé de son droit de tirage pour permettre la création de la commission d’enquête. Mais une fois cette dernière mise sur pied dans la douleur, il est resté en retrait laissant ses collègues aux manettes. Le député de Haute-Loire ne siège donc pas à la commission, ni dans son bureau (qui englobe les postes de président rapporteur et secrétaire) ni parmi les membres sans fonction attribuée mais qui peuvent intervenir lors des auditions. « Nous sommes cosignataires » de la proposition visant à créer cette commission d’enquête a répondu son président Xavier Breton. À ce titre, « comme ça se fait à l’intérieur d’un groupe, il peut y avoir des représentations qui se font. Et c’est moi qui m’en charge », a-t-il conclu.
« Innocenté » par les travaux de la commission
Après son propos liminaire, Jean-Luc Mélenchon a assuré que la France insoumise « n’acceptera jamais l’entrisme religieux », faisant valoir que son mouvement avait déjà été « innocenté » par les travaux de la commission. « Tous les responsables de services de renseignement que vous avez entendus, aucun ne dit qu’il y a un lien entre nous et les islamistes », a-t-il souligné, tout en reconnaissant « l’existence d’une menace islamiste au milieu de bien d’autres. »
Interrogé par Matthieu Bloch, le triple candidat à la présidentielle s’est expliqué sur l’évolution de son point de vue sur la laïcité dans son ensemble – fervent laïcard à ses débuts, il a ensuite été accusé de changer d’opinions à des fins électorales.
« La vie avançant, oui j’ai renoncé à une forme d’anticléricalisme grossier », a-t-il répondu à Matthieu Bloch. « Je ne vais pas contester que certaines portent un foulard comme un signal religieux de leur appartenance. (…) Mais à nous de faire preuve de discernement : c’est l’État qui est laïc en France, ce n’est pas la rue. Et les adultes s’habillent comme ils l’entendent », a-t-il poursuivi, avant de répondre aux questions de députées EPR, entre soutien de plusieurs élus insoumis, dont Rima Hassan, et nombreuses références ou anecdotes historiques.
Cette méthode, habituelle pour le fondateur de LFI, lui a été reprochée par Prisca Thevenot, agacée de le voir « théâtraliser pour esquiver ou transformer les questions en long cours d’histoire pour m’expliquer que je me trompe. » Alors que la députée Renaissance revenait sur les accusations d’antisémitisme qui touchent son mouvement, il les a balayées, faisant part de son « agacement de devoir sans cesse montrer patte blanche devant des inquisiteurs de circonstance ». « Vous n’étiez pas née, j’étais en train d’aider des juifs à quitter l’URSS », a-t-il martelé. Censée durer 1H30 l’audition a été légèrement prolongée d’une quinzaine de minutes, sans que Jean-Luc Mélenchon soit mis en difficulté. Le rapport est désormais attendu dans les prochains jours.
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