lundi, juillet 1

Depuis plusieurs années, le célèbre « Boléro » était au cœur d’un feuilleton judiciaire.
Les ayants droits du compositeur Maurice Ravel et du décorateur russe Alexandre Benois demandaient que ce dernier soit reconnu comme coauteur de ce ballet mythique.
Mais la justice a tranché, ce vendredi : Maurice Ravel en est le seul et unique compositeur.

L’illustre « Boléro », ballet créé à l’Opéra de Paris en 1928, a bel et bien été composé par Maurice Ravel uniquement. Voici ce qu’a décidé ce vendredi le tribunal judiciaire de Nanterre. L’une des œuvres musicales les plus jouées au monde reste donc maintenue dans le domaine public, tel qu’elle l’est depuis 2016.

Ce célébrissime morceau, commandé par la danseuse russe Ida Rubinstein, était, jusqu’à aujourd’hui, au cœur d’une bataille judiciaire. Les ayants droits de Maurice Ravel et d’Alexandre Benois, décorateur russe, souhaitaient que ce dernier soit reconnu comme coauteur de l’œuvre par la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem). Les juges les ont déboutés.

Le « stratagème » des héritiers Ravel

Si la Sacem, qui gère et collecte les droits d’auteur en France, avait reconnu Alexandre Benois, décédé en 1960, comme coauteur du « Boléro », alors le morceau aurait été protégé jusqu’au 1er mai 2039. Le tribunal a rejeté cette hypothèse, estimant que « les pièces fournies ne démontraient pas sa qualité d’auteur de l’argument (court résumé, ndlr) du ballet ». La thèse d’une autre coautrice lésée, la chorégraphe Bronislava Nijinska, a également été écartée par ce jugement, l’artiste n’ayant « jamais figuré sur la documentation du ‘Boléro’ comme coauteur »

« Le tribunal a dit, en substance, que la Sacem avait eu raison de résister au stratagème des héritiers Ravel visant à étendre artificiellement et au-delà du raisonnable la durée de protection du ‘Boléro' », s’est réjouie auprès de l’AFP Josée-Anne Bénazéraf, l’avocate de la Société. 

L’héritière de Maurice Ravel, Evelyne Pen de Castel, a été condamnée à un euro symbolique à la Sacem « en réparation de son préjudice résultant de l’abus de droit moral d’auteur », détaille la décision. « L’action des successions et éditeurs (également parties au dossier, ndlr) est rejetée par le tribunal, nous analysons la décision sereinement avant de répondre à la presse », a pour sa part déclaré à l’AFP Me Gilles Vercken, avocat de la succession Ravel.

En France, les droits d’auteur sur une composition musicale durent toute la vie de son auteur puis les soixante-dix ans qui suivent. Elle tombe ensuite dans le domaine public et peut être utilisée librement. Le « Boléro » a été protégé pendant soixante-dix-huit ans et quatre mois, car la loi prévoit des prorogations qui visent à compenser le manque à gagner des artistes français durant les deux guerres mondiales, ce qui portait la protection jusqu’au 1er mai 2016.


N.K avec AFP

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