lundi, décembre 29

« Nous avons finalement atterri en Espagne le 10 octobre au matin », fait savoir Mark Bray. Pour l’historien, cette nouvelle arrive au terme d’une série d’événements symptomatiques du cauchemar politique dans lequel s’enfonce l’Amérique de Donald Trump : il a été contraint, avec son épouse, Yesenia Barragan, et leurs deux enfants, de fuir les Etats-Unis après avoir reçu de nombreuses menaces de mort émanant des sphères d’extrême droite. Il est l’un des premiers universitaires à être chassés du pays, sous la pression de l’intimidation visant les milieux intellectuels.

Mark Bray, professeur à l’université Rutgers (New Jersey), est spécialiste de l’histoire de l’antifascisme et a consacré à cette nébuleuse politique un ouvrage remarqué et traduit dans plusieurs langues (L’Antifascisme. Son passé, son présent et son avenir, Lux Editeur, 2018). Or, depuis la signature d’un décret présidentiel le 22 septembre, cette mouvance est assimilée à un « mouvement terroriste national ». Lors d’une visite d’Etat au Royaume-Uni, Donald Trump est allé jusqu’à recommander « avec force que les personnes finançant cette organisation fassent l’objet d’une enquête approfondie, conformément aux normes et pratiques juridiques les plus strictes ».

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Pour Mark Bray, « il est clair que ce décret est une conséquence directe de l’assassinat de [l’influenceur d’extrême droite, le 10 septembre] Charlie Kirk, événement que l’administration Trump a instrumentalisé pour lancer son offensive contre la gauche ». Cette chasse effrénée au « terrorisme intérieur de gauche », selon les mots de la Maison Blanche, donne lieu à un climat généralisé de suspicion et d’intimidation qui n’a pas tardé à bouleverser le quotidien de celui que ses étudiants surnomment « Dr Antifa ».

Sur la « Professor Watchlist »

A partir de la fin du mois de septembre, Mark Bray devient la cible des milieux d’extrême droite. Si l’association Turning Point USA, fondée par Charlie Kirk et Bill Montgomery, avait depuis quelque temps déjà inscrit le nom de l’historien sur sa « Professor Watchlist » dont l’objectif est de recenser les enseignants qui « véhiculent de la propagande gauchiste en classe », le harcèlement prend une nouvelle ampleur au lendemain de la mort de Charlie Kirk.

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