Sur l’archipel de Mayotte ravagé par Chido, Marine Le Pen a promis ce mardi 7 janvier à des collectifs de citoyens des amendements à la loi « d’urgence » pour la « suppression du droit du sol », bien que cela serait probablement jugé inconstitutionnel.
« Si on ne règle pas (la question de l’immigration), Mayotte a perdu démographiquement », a affirmé la leader d’extrême droite devant ce collectif d’une dizaine de personnes, essentiellement des femmes en habit traditionnel, acquis à ses idées.
La population de Mayotte est estimée par l’Insee à 320.000 habitants, dont la moitié ne possède pas la nationalité française. Mais il pourrait y avoir « 100.000 à 200.000 personnes de plus, compte tenu de l’immigration illégale », selon une source proche des autorités.
Le droit du sol à Mayotte est déjà restraint
La patronne des députés Rassemblement national a ainsi critiqué la loi « d’urgence » proposée par le gouvernement « qui ne porte pas sur l’immigration ».
« On va déposer des amendements (…) pour la suppression du droit du sol et l’arrêt des régularisations », a-t-elle promis.
Depuis 2018, le droit de la nationalité est déjà dérogatoire à Mayotte. La possibilité de devenir Français lorsqu’on a deux parents étrangers (à la majorité ou à partir de 13 ans sur demande) est conditionnée à ce que l’un des parents ait, au jour de la naissance, été présent de manière régulière depuis trois mois.
Mais une suppression par simple amendement du droit du sol dans un département français serait probablement jugée inconstitutionnelle. Il faudrait donc passer par une révision de la Constitution, beaucoup plus difficile à faire adopter.
Trois ministres, Manuel Valls (Outre-mer), Bruno Retailleau (Intérieur) et Sébastien Lecornu (Armées), avaient annoncé dimanche des « mesures de fermeté » contre l’immigration irrégulière dans le projet de « loi programme » de reconstruction, prévu dans quelques mois.
Par ailleurs, Marine Le Pen a confessé mardi « ne pas avoir tout de suite de solution pour la rentrée scolaire », prévue le 13 janvier pour les enseignants, le 20 pour les élèves, alors que certains établissements ont été très endommagés.
« Ce qui tire la situation précaire vers le bas, c’est l’éducation », a considéré auprès de l’AFP Safina Soula, la présidente du collectif des citoyens de Mayotte 2018, un des groupes ayant participé aux barrages routiers érigés pour protester contre l’insécurité et l’immigration au début de 2024.
Mayotte représente « une porte ouverte pour les enfants des Comores », une « scolarisation forcée par l’État » et les associations humanitaires, selon elle. « On a demandé au recteur une dérogation spécifique pour qu’on (n’)inscrive (que) les enfants français » à la rentrée prochaine, a-t-elle dévoilé.
Article original publié sur BFMTV.com