vendredi, mars 21

Un mandat d’arrêt national a été émis contre le chef politique des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, recherché dans une enquête pour attaque à l’ordre constitutionnel, ce dernier assurant qu’il allait malgré tout poursuivre sa politique d’affaiblissement des institutions centrales.

Le mandat a été délivré par la cour d’Etat dont le siège est à Sarajevo, une dizaine de jours après le rejet par M. Dodik, le président de la Republika Srpska (RS, entité serbe de Bosnie) d’une convocation du parquet d’Etat, qui veut l’interroger dans le cadre de son enquête.

« Nous avons reçu hier dans notre système un mandat d’arrêt » contre M. Dodik, a déclaré mercredi le directeur de la police de l’entité croato-musulmane de Bosnie, Vahidin Munjic, à la télévision locale N1.

La Bosnie d’après-guerre est divisée en deux entités autonomes, la RS et la Fédération croato-musulmane.

Il s’agit d’un mandat d’arrêt national, à savoir que toutes les forces policières dans le pays, dont celles de l’entité serbe, « sont obligées d’agir », a souligné M. Munjic.

Chacune des deux entités dispose de sa propre police, et il existe aussi une police d’Etat central (Sipa), autorisée à intervenir dans les deux entités.

Depuis plusieurs jours, la sécurité a été renforcée et des membres d’une unité d’élite patrouillent jour et nuit autour du palais présidentiel de la RS, à Banja Luka, chef-lieu de l’entité serbe situé à 200 km de Sarajevo.

– « Nous continuons » –

Le gouvernement de la RS a également ordonné lundi au ministère de l’Intérieur de l’entité à « engager un maximum des capacités pour sécuriser les personnes et les institutions bénéficiant d’une protection particulière ».

Des mandats d’arrêt ont également été délivrés contre le Premier ministre de la RS, Radovan Viskovic, et le président de son Parlement, Nenad Stevandic, soupçonnés dans le même dossier.

Le parquet d’Etat a ouvert une enquête pour « attaque contre l’ordre constitutionnel » après l’adoption fin février par le Parlement de la RS d’une législation interdisant à la police et à la justice centrales d’exercer dans cette entité (49% du territoire du pays). M. Dodik a promulgué ces lois le 5 février.

Depuis son palais présidentiel, M. Dodik a exprimé mercredi sa détermination à aller de l’avant.

« Nous continuons à mettre en place les politiques adoptées par le Parlement », a déclaré M. Dodik au début d’une réunion avec M. Stevandic, en accusant les dirigeants bosniaques (musulmans) du pays de chercher un « conflit ».

« Nous n’avons pas d’autre choix (…) Notre groupe, les gens qui font partie de ce processus politique sont très unis », a-t-il ajouté.

« Nous ne voulons pas la guerre (…) Mais ça ne veut pas dire que nous allons nous laisser trancher la tête », a renchéri M. Stevandic.

Le Parlement de la RS a adopté la loi controversée en riposte à un verdict prononcé le 26 février contre M. Dodik par la cour d’Etat pour le non-respect des décisions du Haut représentant international en Bosnie, Christian Schmidt, chargé de faire respecter l’accord de paix de Dayton (1995).

– « Catastrophe totale » –

M. Dodik a été condamné à une peine d’un an de prison, assortie d’une interdiction d’exercer ses fonctions pendant six ans. Il peut faire appel, mais il a rejeté ce jugement, en dénonçant un « procès politique » ayant pour objectif de l' »éliminer de l’arène politique ».

Mardi, le directeur de la police centrale (Sipa), Darko Culum, un proche de M. Dodik, a présenté sa démission et annoncé son retour au sein du ministère de l’Intérieur de la RS. La Sipa est considérée comme la seule force policière qui pourrait éventuellement arrêter les trois hommes.

Par ailleurs, un délai donné aux Serbes de Bosnie employés dans la police et la justice centrales pour rejoindre les institutions de la RS expire ce mercredi à minuit. Il semble qu’ils n’ont pas suivi l’appel de Milorad Dodik.

Les autorités de la RS préparent également une « loi sur le contrôle frontalier de la RS », alors que le contrôle aux frontières est assuré depuis 2000 par la police aux frontière d’Etat.

Le président de la Serbie voisine, Aleksandar Vucic, un proche de Dodik, a déclaré mardi soir sur une télévision locale être « très inquiet de la situation » en Bosnie, précisant que Dodik, Viskovic et Stevandic ne pouvaient « plus circuler librement ».

Tout en mettant en garde contre une éventuelle arrestation des trois hauts responsables serbes de Bosnie, le président Vucic a ajouté qu’il allait évoquer mercredi cette question à Bruxelles avec le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, ainsi qu’avec des responsables de l’UE.

« J’espère que personne n’est aussi fou pour essayer de faire ça (…) Nous pourrions avoir une catastrophe totale en l’espace d’une nuit », a dit M. Vucic.

rus/sba

Partager
Exit mobile version