dimanche, juin 30

Pour le moment, les sondages montrent qu’aucune force politique ne bénéficiera d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale à l’issue des élections législatives, les 30 juin et 7 juillet prochains.
Le cas échéant, la nomination d’un « gouvernement technique » pourrait constituer une option pour Emmanuel Macron.
De quoi s’agirait-il ? TF1info vous explique.

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Élections législatives 2024

Ce serait un scénario politique inédit en France. La reconfiguration politique de l’Assemblée nationale, qui pourrait se retrouver divisée entre trois blocs politiques dans l’hémicycle (Rassemblement national, Nouveau Front populaire, Ensemble), pourrait empêcher d’installer facilement un Premier ministre à Matignon. Le président du RN, Jordan Bardella, dont le parti est en tête dans les derniers sondages et candidat revendiqué pour le poste, l’a d’ailleurs répété ces derniers jours. Il n’occupera pas ce poste si ses troupes n’ont pas « la majorité absolue » au Palais Bourbon.

Une solution politique dans les mois suivants devrait alors être trouvée pour éviter un immobilisme total à la tête du gouvernement. Mais, à plus court terme, une équipe gouvernementale devrait tout de même être constituée pour gérer les affaires courantes, d’autant plus avec l’arrivée des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, à partir du 26 juillet prochain. Une option encore jamais utilisée sous la Vᵉ République pourrait alors être proposée par le président de la République pour trouver un compromis dans un premier temps : celle d’un « gouvernement technique ».

Des experts nommés dans chaque ministère

Que signifierait la mise en place d’une telle équipe de ministres ? Concrètement, un « gouvernement technique » serait composé non pas d’élus issus de partis politiques, mais d’experts de différents domaines pour occuper les places dans chaque ministère. Des personnalités venues de la société civile ou des hauts fonctionnaires, rompus à l’organisation de l’administration française, seraient ainsi des profils envisageables pour mettre en place une équipe de ce type. « Dans ce cas-là, on nomme un général aux Armées, un professeur de droit à la Justice, un grand directeur de banque à l’Économie et aux Finances et ainsi de suite« , résumait sur LCI le 18 juin dernier le constitutionnaliste Dominique Chagnollaud de Sabouret.

L’avantage d’une équipe de technocrates de ce type ? Une possibilité de consensus auprès d’autres forces politiques, qui pourrait accepter de voir nommer un Premier ministre pour tenter de faire passer les principales lois nécessaires au bon fonctionnement de la France, comme le vote du budget de l’État et de la Sécurité sociale à l’automne. Mais, malgré tout, il faudrait que le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire, s’ils sont en position de force à ce moment-là, acceptent de ne pas s’opposer à l’adoption de ces plans de finances publiques. Pas évident, quand on connaît l’importance politique du vote du budget à l’Assemblée, un épisode qui donne la couleur de la politique conduite par le gouvernement l’année suivante.

Un gouvernement pouvant être renversé à tout moment

Sans aucun poids politique dans l’hémicycle, un tel gouvernement resterait par ailleurs sous la menace perpétuelle d’une motion de censure, qui pourrait être facilement votée à l’Assemblée, y compris au prix d’alliances baroques. Un cas de figure qui verrait tous les compteurs remis à zéro… avec un nouveau gouvernement à trouver. Si une équipe de technocrates n’a jamais été mise en place pour diriger la France sous la Vᵉ République, nos voisins italiens, eux, ont eu plusieurs fois recours à ce procédé pour éviter le blocage politique. 

Le dernier exemple en date ? Le passage au pouvoir de l’économiste Mario Draghi, alors à la tête de la Banque centrale européenne, entre 2021 et 2022. Un « gouvernement technique » qui avait laissé sa place après plus d’un an et demi de mandat à celui de Giorgia Meloni, nouvelle tête de proue de l’extrême-droite italienne et toujours en poste aujourd’hui. À l’époque, son opposition systématique aux alliances formées au Parlement pour voter les réformes de cette équipe de spécialistes et éviter le blocage du pays avait finalement propulsé son petit parti post-fasciste au sommet de l’État lors des élections suivantes. 


Theodore AZOUZE

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