mardi, juillet 2

Mélina Robert-Michon fêtera son 45e anniversaire le 18 juillet, une semaine avant l’ouverture des Jeux olympiques (JO), compétition qu’elle disputera pour la septième fois. Candidate proclamée à la fonction de porte-drapeau de la délégation française, la médaillée d’argent des Jeux olympiques de Rio en 2016 revient sur sa carrière au long cours, qu’elle a su concilier avec la maternité.

Je ne serais pas arrivée là si…

… Si je n’avais pas fait de l’athlétisme au collège, dans la petite commune de l’Isère où je vivais, Le Grand-Lemps. Un prof d’EPS m’a dit que ce serait intéressant de m’inscrire en club. Il m’a présentée à l’entraîneur du club le plus proche, à La Côte-Saint-André, qui a insisté pour que je vienne. Celui-ci m’a ensuite mise en relation avec un entraîneur de disque. Sans cette succession de rencontres heureuses, je n’aurais pas consacré ma vie à l’athlétisme. Je m’étais essayée auparavant au judo, au volley-ball et au handball. Mes parents, agriculteurs, tenaient à ce que leurs enfants fassent du sport.

Pourquoi avez-vous choisi le lancer du disque ?

Parce que j’étais grande, avec des épaules larges. Il y avait, au club, un groupe de lanceurs de disque confirmés qui participaient régulièrement au championnat de France. Je les regardais avec admiration en me disant que ce serait peut-être aussi mon tour, un jour. Je me sentais heureuse de les côtoyer. Et je trouvais beau ce qu’ils faisaient.

Beau ?

Oui, gracieux. La manière dont ils effectuaient leur gestuelle dans le bon timing me fascinait. L’ambiance était très bienveillante. J’ai commencé à participer à des compétitions, à faire des déplacements. Je venais de ma campagne, cela me sortait de chez moi. C’était aussi un moyen de me réconcilier avec mon corps.

Que voulez-vous dire ?

J’ai été grande très jeune : je mesurais 1,77 mètre à 14 ans. Cette taille me complexait. A cet âge-là, on rêve que personne ne vous voie, ce qui n’est pas simple quand votre tête dépasse du rang. Grâce à l’athlétisme, ce corps et ces grands bras dont je ne savais quoi faire allaient me servir à quelque chose. Je me sentais valorisée. Je milite à fond, depuis lors, pour la pratique du sport, car il aide à s’élever, à sortir de son milieu, à rencontrer des personnes différentes.

Qu’aurait été votre vie sans le sport ?

Elle aurait été triste. Ça marchait correctement au collège et au lycée, mais je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire. Mes parents m’ont toujours laissée choisir, sans rien imposer. Je n’étais pas prête à reprendre la ferme familiale, ayant conscience des contraintes que cela impliquait. L’agriculture, c’est comme le sport de haut niveau : un métier passion. Voir mon père se lever tous les matins à 6 heures, et être content de le faire, a été une chance.

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