samedi, mai 18

C’est une première : des personnes en situation de pauvreté ont contribué à évaluer la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté, au fil du déploiement de ce plan gouvernemental, entre 2018 et 2022. Et le bilan de cette évaluation a été positif. « Leurs recommandations ont pesé, qu’il s’agisse de mieux prendre en compte le non-recours à l’aide sociale ou de prôner des politiques spécifiques pour les sortants de prison et les femmes isolées », relate Johanna Barasz, coordonnatrice de cette expérimentation lancée par l’organisme public France Stratégie. Dans une note de bilan qu’elle a copubliée en janvier, elle incite d’autres institutions à associer elles aussi les citoyens à l’évaluation des politiques publiques, en vue de les améliorer.

« Faire avec les personnes concernées », plutôt que « faire pour elles » : cette démarche dite « de participation citoyenne » a été lancée par des associations de lutte contre l’exclusion, telle ATD Quart Monde, cofondée en 1957 avec des habitants d’un bidonville de la région parisienne ; et paraît naturelle aux organisations récentes, comme Entourage, épaulée par un comité de la rue, ou La Cloche, qui s’appuie sur des bénévoles « avec et sans domicile ».

Depuis 2016, l’Etat reconnaît et finance le Conseil national des personnes accueillies et accompagnées (CNPA), et ses déclinaisons régionales (les CRPA), nés six ans plus tôt à l’initiative de l’Armée du salut. « Le CNPA et les CRPA ont progressivement organisé des débats et formulé des propositions sur tous les sujets liés à la pauvreté et à la précarité, sans se limiter à l’hébergement d’urgence d’où sont issus beaucoup de participants, salue la coordinatrice du CNPA, Blandine Maisonneuve. Les délégués, qui sont de plus en plus sollicités par d’autres instances, font changer le regard selon lequel leur pauvreté serait un peu de leur faute. »

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Anne-Sophie Rochegune, 37 ans, a apprécié d’emblée le CRPA de La Réunion, accessible sur simple inscription, sans qu’il soit nécessaire de savoir lire ou écrire, ni d’avoir un titre de séjour. Elle en a été élue déléguée, et se sent utile : « Nous avons aidé à adapter l’aide alimentaire aux sans-abri, qui ne peuvent pas stocker des boîtes de conserve ni les faire cuire. Nous sommes en train de dresser pour l’agence régionale de santé une typologie des nouvelles drogues en circulation sur l’île. Je participe aussi aux commissions qui déterminent les personnes prioritaires, parmi celles qui ont fait valoir leur droit au logement opposable. »

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