samedi, septembre 28

Volodymyr Zelensky résiste depuis plus de deux ans et demi à l’armée russe et à Vladimir Poutine, mais les pièges de la vie politique américaine dans un combat électoral sans merci se révèlent tout aussi périlleux. Le président ukrainien, en visite à Washington, jeudi 26 septembre, pour tenter d’arracher un engagement plus poussé des Etats-Unis dans un moment de la guerre particulièrement difficile pour Kiev, n’a pu éviter de se trouver au centre des divergences entre démocrates et républicains, et même entre républicains, à propos de la guerre en Ukraine.

Ce contexte complique la tâche de M. Zelensky, venu, après son passage à l’Assemblée générale des Nations unies, présenter son « plan de la victoire » d’abord au président Joe Biden, qui l’a reçu à la Maison Blanche, mais aussi aux deux candidats à l’élection présidentielle du 5 novembre, Kamala Harris et Donald Trump.

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La première a assuré l’Ukraine de son soutien « inébranlable » et profité de cette rencontre pour attaquer les idées de paix négociée avancées par le colistier de Donald Trump, J. D. Vance, qu’elle a qualifiées de « proposition de reddition ». Donald Trump devait, lui, recevoir Volodymyr Zelensky vendredi, après l’avoir abondamment critiqué en public.

L’enjeu de la mission du président ukrainien à Washington dépasse largement les joutes électorales américaines. L’Ukraine traverse une passe critique dans la guerre que lui livre la Russie. Ses troupes s’épuisent, ses pertes humaines saignent le pays à blanc, la destruction des infrastructures énergétiques rend la vie quotidienne de plus en plus âpre, et l’aide de ses alliés occidentaux, bien que cruciale, n’est pas suffisamment massive pour permettre à Kiev de prendre le dessus et pousser Moscou à s’asseoir à la table de négociations. M. Zelensky a obtenu de M. Biden le déblocage d’une aide militaire de près de 8 milliards de dollars (7,15 milliards d’euros) qui sera très utile, mais ne va pas changer la donne.

Seul moyen de dissuader Poutine

M. Zelensky, qui n’a pas dévoilé publiquement le contenu de son « plan de la victoire », a deux priorités : que M. Biden donne son feu vert à l’utilisation d’armes occidentales à longue portée, pour frapper en profondeur en territoire russe, ce qui, dans le calcul ukrainien, serait susceptible d’infléchir le cours de la guerre ; et obtenir du président américain, avant qu’il quitte la Maison Blanche en janvier, une invitation formelle à rejoindre l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

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Ce deuxième point est capital. Les dirigeants ukrainiens sont conscients de la lassitude de plusieurs gouvernements occidentaux, convaincus du bien-fondé de l’aide à l’Ukraine face à l’agression russe mais hésitants sur les moyens à employer et le coût de leur soutien. Les déclarations du président Poutine, mercredi, sur la révision de la doctrine nucléaire russe visent à entretenir leur indécision.

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Mais, pour autant qu’ils veuillent en finir avec cette guerre, les Ukrainiens ne peuvent envisager de concessions sans avoir l’assurance que leur sécurité sera garantie au-delà d’un éventuel accord de paix. Les Européens et les Américains le savent tous : la seule réelle garantie de sécurité est celle qu’offre l’article 5 de la charte de l’OTAN, qui assure la défense collective en cas d’agression d’un de ses membres.

M. Biden a jusqu’ici résisté à franchir le pas, auquel l’encouragent des membres de son équipe. Certains pays, dont l’Allemagne, y sont opposés. Le processus sera compliqué, mais il est le seul moyen de dissuader Vladimir Poutine de poursuivre son offensive européenne.

Le Monde

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