mardi, mai 21
Louis XIV (Nicolas Robin) et Antoine Rossignol (Francis Perrin).

PLANÈTE+ – MERCREDI 17 AVRIL À 20 H 55 – DOCU-FICTION

De facture classique, avec reconstitution en costumes d’époque, et un ancien de la Comédie-Française, Francis Perrin, en premier rôle (et narrateur), ce documentaire n’en dévoile pas moins des informations pas si classiques sur la monarchie absolue de Louis XIV. Il permet de revisiter le Grand Siècle par les coulisses.

« A la cour de France, les espions sont partout, la méfiance est de mise », déclare d’entrée de jeu Antoine Rossignol (Francis Perrin). Ce mathématicien de haute volée mit au point, deux siècles et demi avant le code Enigma des nazis décrypté par Alan Turing, le Grand Chiffre, un système permettant de coder et décoder toutes les correspondances supposées « sensibles » pour la Couronne.

« Sous Louis XIV, tout le monde se méfie de tout le monde », souligne l’historien de l’Ancien Régime Jean-Christian Petitfils. Arrestation de Fouquet, affaire des poisons, mariage morganatique du roi avec Mme de Maintenon… « La monarchie absolue est organisée autour du secret. » Nicolas Robin, l’acteur qui interprète le souverain, lui donne des allures du Prince de Machiavel.

« Bureau d’en dedans »

Au long de son interminable règne (soixante-douze ans), Louis XIV voulait tout savoir – « Il y a peu d’informations dont il est ignorant », dira Saint-Simon dans ses Mémoires en 1739 –, mais aussi tout cacher de lui, selon son bon vouloir, à ses proches, à ses sujets, à ses rivaux des autres cours d’Europe. Pour bâtir à sa guise sa statue de Roi-Soleil et ancrer son statut de monarque absolu. Le souverain dote la Ferme générale des postes d’un « bureau d’en dedans ». Une sorte de cabinet noir chargé d’éplucher les missives suspectes, confié à Antoine Rossignol.

Pour ce dernier, tout commença en 1628, sous le règne de Louis XIII, au siège de la bastide de Réalmont (Tarn), tenue par des protestants. Un jeune mathématicien d’Albi féru de cryptologie est convoqué pour déchiffrer une missive interceptée par les troupes catholiques du prince de Condé, qui vont ainsi pouvoir faire capituler la place forte. La carrière de Rossignol est lancée.

Son cabinet noir permettra à Jean-Baptiste Colbert de faire tomber son grand rival, le surintendant des finances Nicolas Fouquet, en 1661. Le mathématicien formera ensuite au cryptage la belle-sœur du roi, Henriette d’Angleterre : elle sera envoyée à Londres en 1670 auprès de son frère le souverain Charles II, pour le convaincre de renoncer à s’allier aux Provinces-Unies (Pays-Bas) et à la Suède.

Outil de pouvoir absolu

En 1672, le « bureau d’en dedans » permettra de déjouer une nouvelle tentative de fronde des grands – épisode qui avait traumatisé Louis XIV dans son enfance, de 1648 à 1653. « Un formidable test pour vérifier l’efficacité des services secrets », observe Rossignol-Perrin. Le comploteur en chef, le chevalier de Rohan, sera le dernier noble exécuté jusqu’à la Révolution.

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En 1715, à la mort du Roi-Soleil, l’espionnage est devenu un véritable outil de pouvoir absolu, dont son successeur, Louis XV, fera un usage immodéré. La police politique qui se déploiera à travers l’Europe aux XIXe et XXe siècles est déjà sur les fonts baptismaux.

Louis XIV et ses espions, d’Alain Brunard et Marie-Laurence Rincé. Avec Francis Perrin et Nicolas Robin (Fr., 2024, 2 × 50 min).

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