
L’opposante vénézuélienne Maria Corina Machado va réapparaître, jeudi 11 décembre, en public à Oslo pour la première fois depuis près d’un an, après avoir manqué la veille la cérémonie de remise de son prix Nobel de la paix pour ses efforts pour la démocratie dans son pays.
« Je peux confirmer que Maria Corina Machado est arrivée à Oslo » où elle ira « directement retrouver sa famille », a déclaré le président du comité Nobel, Jorgen Watne Frydnes, aux journalistes et partisans de l’opposante rassemblés au Grand Hotel, où descendent habituellement les lauréats du prix.
L’ex-cheffe de campagne de l’opposante a de son côté affirmé que Maria Corina Machado effectuera une apparition publique dans la nuit au balcon de son hôtel, avant une conférence de presse prévue à 10 h 15 (heure locale et de Paris).
Maria Corina Machado, 58 ans, était entrée dans la clandestinité au Venezuela en août 2024, quelques jours après la présidentielle à laquelle elle avait été empêchée de participer. Mercredi, c’est sa fille qui a reçu le prix et a lu pour elle un discours de remerciements. Le comité Nobel a évoqué « un voyage en situation de danger extrême » pour justifier l’absence de la lauréate.
La dernière apparition publique de Maria Corina Machado remontait au 9 janvier lors d’une manifestation à Caracas. On ignore comment l’opposante a réussi à quitter le Venezuela, où la justice la recherche pour « conspiration, incitation à la haine et terrorisme », et comment elle compte faire pour éventuellement y retourner.
« Elle risque d’être arrêtée si elle rentre, même si les autorités ont fait preuve de plus de retenue avec elle qu’avec beaucoup d’autres parce qu’une arrestation aurait une portée symbolique très forte », a expliqué à l’Agence France-Presse Benedicte Bull, spécialiste de l’Amérique latine de l’Université d’Oslo.
« Vivre dans un Venezuela libre »
Elle rentrera « très bientôt (…) Elle veut vivre dans un Venezuela libre, et elle n’abandonnera jamais cet objectif », a assuré sa fille, Ana Corina Sosa Machado.
Le Monde Mémorable
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Découvrir
Newsletter
« A la une »
Chaque matin, parcourez l’essentiel de l’actualité du jour avec les derniers titres du « Monde »
S’inscrire
Le Monde Application
La Matinale du Monde
Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer
Télécharger l’application
Newsletter abonnés
« International »
L’essentiel de l’actualité internationale de la semaine
S’inscrire
Le prix Nobel de la paix a été attribué à Maria Corina Machado le 10 octobre pour ses efforts en faveur d’une transition démocratique au Venezuela. « Pour avoir la démocratie, nous devons être prêts à nous battre pour la liberté », a dit mercredi sa fille dans le discours lu à l’Hôtel de ville d’Oslo, en présence de nombreux membres de la famille de la lauréate, du président argentin Javier Milei et d’autres chefs d’Etat latino-américains de droite.
Evoquant les arrestations, les tortures et la chasse aux opposants, elle a fustigé « des crimes contre l’humanité, documentés par les Nations unies » et « un terrorisme d’Etat déployé pour étouffer la volonté du peuple ».
Les Etats-Unis, l’Union européenne et de nombreux pays d’Amérique latine refusent de reconnaître les résultats de la présidentielle de l’an dernier, qui a permis au socialiste Nicolas Maduro d’enchaîner un troisième mandat de six ans. L’opposition accuse le pouvoir de fraude et a revendiqué la victoire de son candidat, Edmundo Gonzalez Urrutia, aujourd’hui en exil et présent à Oslo mercredi.
Le comité Nobel a exhorté le président vénézuélien à quitter le pouvoir. « M. Maduro, acceptez les résultats de l’élection et retirez-vous », a lancé son président Jorgen Watne Frydnes sous des applaudissements nourris.
La vice-présidente du Venezuela, Delcy Rodriguez, a de son côté comparé la cérémonie à des « funérailles », ironisant sur l’absence de la lauréate.
Maria Corina Machado est aussi critiquée par certains pour la proximité de ses idées avec le président américain Donald Trump, auquel elle a dédié son Nobel. La réapparition de l’opposante à Oslo a lieu en pleine crise entre le Venezuela et les Etats-Unis, qui ont déployé une imposante flottille en mer des Caraïbes, officiellement pour lutter contre le narcotrafic. Nicolas Maduro accuse pour sa part Washington de vouloir le renverser pour s’emparer du pétrole vénézuélien.




