vendredi, mai 3

La modeste cinquième place (sur six) du XV italien pour sa vingt-cinquième participation au Tournoi des six nations pourrait s’apparenter à un mauvais résultat de plus. Mais pour la Squadra Azzurra, l’édition 2024 a un goût de succès : deux victoires (sur l’Ecosse et le Pays de Galles) et un nul concédé au XV de France, avec une pénalité ratée à la dernière minute du match. Avec seulement deux défaites, c’est le meilleur résultat sportif des Italiens dans ce tournoi, qui regroupe l’élite du rugby de l’hémisphère Nord.

Depuis leur intégration à la prestigieuse compétition de rugby, en 2000, les Italiens peinent à décoller du fond du classement. Les rumeurs de remplacement par la Géorgie se font moins insistantes qu’il y a quelques années, et le résultat 2024 devrait permettre d’en finir pour un temps au moins. D’autant que l’Italie « a parfaitement identifié ses points faibles, et fait tout pour les combler », rappelle Yvonnick Le Lay, chercheur en géographie du sport à l’université Rennes-II, spécialiste de la mondialisation du rugby.

Alors que la France remportait son dixième grand chelem en 2022, et qu’elle enchaîne deux deuxièmes places de suite derrière l’Irlande, on peine à se rappeler qu’en 1910 ce sont les Bleus qui étaient dans la situation de l’Italie. L’équipe de France de rugby avait alors intégré ce qui était encore le Tournoi des cinq nations. Et l’arrivée fut rude : quatre défaites, dont un douloureux 27-0 contre l’Ecosse et un 49-14 contre le Pays de Galles.

L’Italie peut-elle se consoler de ses mauvais résultats persistants en les comparant à ceux de la France à ses débuts ? Pas vraiment, hélas. En étudiant les vingt-cinq premières participations des Bleus depuis 1910 et malgré des interruptions, entre autres pour cause de guerres mondiales, on constate que les Français sont parvenus à hausser leur niveau de jeu. Sur cent matchs joués dans les Cinq Nations en vingt-cinq éditions, les Bleus se sont imposés vingt-sept fois (et ont réalisé deux nuls), soit 29 % des matchs sans défaite. Les Italiens, qui en ont joué 125, n’en ont remporté que treize (et deux nuls), soit 12 % sans défaite.

Des Italiens mieux partis, mais qui ne suivent pas le niveau avec le temps

Ce graphique représente, pour leurs 25 premières participations du tournoi, le pourcentage de matchs sans défaite (victoires et nuls) pour l’Italie et pour la France. La « tendance » dans le temps des résultats des deux équipes est représentée par la ligne (droite de régresion linéaire calculée selon la méthode des moindres carrés).

Entre les deux guerres mondiales et l’exclusion des Français pour « professionnalisme » (de 1932 à 1938), les 25 premières participations du XV de France aux cinq nations s’étalent sur 44 ans de 1910 à 1954. L’Italie, elle, a participé au tournoi des six nations sans discontinuer depuis l’année 2000.

Les Bleus ont remporté leur premier tournoi lors de leur vingt-cinquième participation, en 1954 – une victoire partagée, mais qui se termine par une défaite des Anglais en France. Le premier grand chelem tricolore date de 1968, pour la trente-neuvième participation du XV de France.

Le XV italien ne semble pas être parti sur les mêmes bases : il n’a remporté aucune victoire lors des éditions 2016 à 2021. Les joueurs de rugby italiens peuvent tout de même s’enorgueillir d’avoir battu au moins une fois chaque nation du tournoi, à l’exception de l’Angleterre.

La série « En graphiques » des Décodeurs éclaire l’actualité sous forme visuelle. Retrouvez tous les articles dans notre rubrique.
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