mercredi, janvier 15

« L’intelligence artificielle [IA] peut être une opportunité, notamment pour la santé ou l’accessibilité [des personnes en situation de handicap] mais elle peut aussi créer des inégalités. » C’est une des mises en garde faites dans le rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur cette technologie, explique sa corapporteuse Marianne Tordeux Bitker. « Alors que depuis plus de dix ans toutes les politiques publiques ont en France ont mis l’accent sur le développement économique de l’IA, il y avait besoin, en amont du sommet de l’IA organisé à Paris des 10 et 11 février, d’exposer la voix de la société civile », ajoute cette directrice des affaires publiques de l’association de start-up France Digitale. L’essor de l’IA nécessite de créer un « cadre d’acceptabilité » pour les Français, renchérit le corapporteur Erik Meyer, secrétaire fédéral du syndicat SUD-Rail.

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Etant donné les défis posés par l’IA, les auteurs du rapport ont un temps été jusqu’à envisager de préconiser un « moratoire » sur cette technologie, avant de l’écarter, « vu le contexte géopolitique et le besoin d’avoir des solutions européennes », raconte Mme Tordeux Bitker.

Mais le document met en garde contre le risque de voir l’IA renforcer la fracture numérique. « Il y a un enjeu de compétences », souligne la corapporteuse. 31,5 % de la population française se considère « éloignée du numérique », soit 16 millions de personnes, rappelle le document, citant une étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie de 2023, une tendance en hausse.

Parmi eux, des personnes âgées et peu diplômées, des habitants des zones blanches, mais aussi « une personne sur cinq parmi les moins de 25 ans ». Or, l’IA permettra de plus en plus l’accès aux droits et services essentiels, dans la santé, l’éducation, la banque ou même l’emploi, poursuit Mme Tordeux Bitker.

Un « droit au non-numérique »

Le rapport juge donc essentiel de lancer un vaste « plan de formation », qui soit mené par les entreprises en plus des fonctionnaires, du personnel éducatif ou des médiateurs du numérique, dont « le nombre recule en raison du contexte budgétaire ». Il faut également revoir les programmes de l’éducation nationale pour y intégrer l’IA, note M. Meyer. En outre, les auteurs prônent une garantie d’accès aux services publics, par le biais notamment d’un « droit au non-numérique » qui permettrait aux usagers d’interagir avec un humain, plutôt qu’un robot conversationnel, s’ils le souhaitent.

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