mercredi, décembre 17
Pochette du coffret « Symphonies nᵒˢ 1-15 », de Chostakovitch.

Plus encore que celui de Gustav Mahler (1860-1911), son modèle, le corpus symphonique de Dmitri Chostakovitch (1906-1975) illustre de manière édifiante le renouvellement expressif du compositeur. Enregistrée en live de septembre 2016 à avril 2025, cette intégrale de qualité constante se distingue des principales références (russes) en la matière par une restitution mesurée quoique fidèle de la musique du prolifique symphoniste. De la Première Symphonie, au pointillisme sardonique, à la Quinzième, truffée de citations, le London Symphony Orchestra séduit par la précision de ses solistes et par la flamboyance de ses tuttis. Gianandrea Noseda les intègre toujours à une lecture assez personnelle de partitions qui, la plupart du temps, aspirent à un dépassement de leur époque.

Brutalement recadré par les sbires de Staline qui, en 1936, ont cru déceler une forme de décadence occidentale dans l’opéra Lady Macbeth du district de Mtsensk, Chostakovitch garde au fond de son tiroir une Quatrième Symphonie dont l’originalité aurait pu lui valoir une déportation au goulag et s’empresse de faire amende honorable, en 1937, avec une Cinquième symphonie plus conforme aux canons du réalisme soviétique. Extrêmement contrastée (très long étirement du premier mouvement synonyme de désolation, finale clinquant aux allures de victoire idéologique), l’interprétation de Gianandrea Noseda préserve le mystère des motivations du compositeur. Repentir sincère ou ralliement moqueur ? Tantôt exalté, tantôt grinçant, le style bipolaire de Chostakovitch est, par ailleurs, bien servi par le chef italien.

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