Vous pensez que votre brosse à dents est l’outil indispensable pour maintenir une bonne hygiène bucco-dentaire ? Détrompez-vous. Cet accessoire du quotidien pourrait bien être l’un des objets les plus contaminés que vous portez à votre bouche, bien plus que certains aliments peu recommandables. Des bactéries présentes dans les toilettes aux levures responsables d’infections buccales, votre brosse à dents héberge une quantité impressionnante de microbes invisibles à l’œil nu, alerte le Times of India. Une recherche publiée en 2020 dans la revue scientifique Microorganisms a mis en lumière des résultats alarmants qui pourraient bien vous faire reconsidérer vos habitudes quotidiennes. Les experts tirent la sonnette d’alarme sur les risques sanitaires liés à un accessoire que nous utilisons pourtant deux fois par jour sans nous méfier.
Un nid à microbes dans votre salle de bain
Chaque brosse à dents contient entre 1 et 12 millions de bactéries et champignons qui appartiennent à des centaines d’espèces différentes, selon l’étude parue dans Microorganisms. Ces micro-organismes forment un biofilm sur les surfaces exposées de la brosse ou s’infiltrent dans les fissures des poils. Deux fois par jour, lorsque vous vous brossez les dents, ces microbes reçoivent tout ce dont ils ont besoin pour survivre et proliférer : eau, salive, cellules cutanées et résidus alimentaires provenant de votre bouche. Cette combinaison crée un environnement idéal pour la croissance bactérienne. Les poils de la brosse, avec leurs innombrables crevasses et leur surface poreuse, offrent des cachettes parfaites pour que ces colonies microbiennes se développent. Au fil des utilisations, la brosse accumule davantage de micro-organismes et transforme progressivement cet outil d’hygiène en véritable réservoir à bactéries. Le problème est d’autant plus préoccupant que ces microbes peuvent ensuite être réintroduits dans votre bouche à chaque brossage.
Trois sources principales de contamination
Marc-Kevin Zinn, microbiologiste à l’université des sciences appliquées de Rhine-Waal en Allemagne, qui a étudié la contamination microbienne des brosses à dents, a expliqué à la BBC que ces microbes proviennent de trois sources distinctes. La première est la bouche elle-même, où les poils entrent en contact avec des bactéries comme Rothia denocariosa, Streptococcaceae mitis et des membres de la famille Actinomyces. Si la plupart de ces micro-organismes sont inoffensifs, voire bénéfiques pour la santé, certains comme les streptocoques et les staphylocoques peuvent provoquer des caries dentaires ou des inflammations des gencives, également appelées maladies parodontales. La deuxième source est la peau, qui transfère ses propres bactéries lors de la manipulation de la brosse. Enfin, l’environnement dans lequel la brosse est conservée joue un rôle majeur. Les chercheurs ont également détecté des bactéries plus préoccupantes comme Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa et des entérobactéries, associées aux infections gastriques et aux intoxications alimentaires, ainsi que Klebsiella pneumoniae, fréquemment impliquée dans les infections nosocomiales et des levures Candida responsables du muguet buccal.
Le danger invisible des toilettes
La proximité des toilettes représente un risque sanitaire majeur pour votre brosse à dents. Chaque fois que vous tirez la chasse d’eau, de minuscules gouttelettes d’eau et de matières fécales sont projetées jusqu’à 1,5 mètre dans l’air environnant et emportent avec elles des bactéries et des virus responsables de maladies comme le Covid-19, la grippe ou le norovirus. Une étude menée dans une université a révélé que 60 % des brosses à dents d’étudiants dans des salles de bains communes présentaient une contamination fécale, avec une probabilité élevée de contamination croisée entre utilisateurs. Plus inquiétant encore, certaines recherches révèlent que des virus potentiellement mortels comme celui de la grippe et le coronavirus peuvent survivre sur les poils pendant plusieurs heures, tandis que le virus de l’herpès simplex de type 1 peut y persister jusqu’à 48 heures, rapporte le Times of India. Ce risque concerne particulièrement les personnes immunodéprimées, d’autant que certaines bactéries présentes sur les brosses à dents se révèlent résistantes aux antibiotiques. Pour limiter la contamination, l’Association dentaire américaine recommande de laisser sécher la brosse à l’air libre en position verticale, d’éviter les contenants fermés qui favorisent la prolifération microbienne, de tremper occasionnellement la tête de la brosse dans un bain de bouche antiseptique pendant 5 à 10 minutes et de la remplacer tous les trois mois minimum.









