samedi, décembre 27

Avec notre correspondant à New Delhi, Abdoollah Earally

Dans la rédaction de l’agence de presse United News of India, à New Delhi, une quarantaine de journalistes suivent l’actualité en continu. Ces derniers jours, un pays concentre toutes les attentions : le Bangladesh, devenu le sujet le plus sensible du moment.

Pour le rédacteur en chef, Jayanta Roy Chowdhury, cet intérêt repose sur des raisons à la fois historiques et émotionnelles, héritées de la guerre de libération du Bangladesh en 1971 contre le Pakistan. Un épisode fondateur encore très présent dans la mémoire collective indienne.

« À l’époque, près de dix millions de réfugiés bangladais vivaient en Inde. Il a fallu les nourrir, les loger, les soigner. Des citoyens ordinaires ont collecté de l’argent, et ce souvenir est encore très présent », rappelle-t-il.

L’Inde craint un réalignement du Bangladesh avec la Chine et le Pakistan

Lors de ce conflit, New Delhi avait soutenu le mouvement indépendantiste bangladais et accueilli, au prix d’un effort national considérable, près de dix millions de réfugiés. Plus d’un demi-siècle plus tard, ce passé continue de peser sur le regard porté par l’Inde sur son voisin oriental.

Mais la donne a changé. Après la révolte étudiante de l’an dernier, la fuite de l’ex-Première ministre Sheikh Hasina en Inde et l’arrivée d’un gouvernement intérimaire à Dacca, New Delhi redoute désormais un possible réalignement du Bangladesh vers la Chine et le Pakistan.

Une évolution régionale suivie de près par Smruti Pattanaik, chercheuse à la Manohar Parrikar Institute for Defence Studies and Analyses, un centre de recherche stratégique basé à New Delhi. Selon elle, « si le Bangladesh reste instable, les répercussions pour l’Inde seront considérables ».

Les deux pays partagent en effet plus de 4 000 kilomètres de frontières, souvent poreuses, où les circulations humaines et économiques sont constantes.

Permettre la stabilité du Bangladesh à l’aube des prochaines élections

Au-delà de la diplomatie, la principale inquiétude indienne est désormais sécuritaire. Toute instabilité prolongée au Bangladesh pourrait, selon les experts, favoriser l’extrémisme et entraîner des débordements transfrontaliers.

Dans ce contexte, New Delhi espère que le retour, même controversé, de Tariq Rahman sur la scène politique bangladaise permettra d’assurer la stabilité jugée nécessaire après les élections prévues en février prochain. Figure centrale du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), président par intérim du parti et longtemps en exil à Londres, Tariq Rahman est rentré au pays en décembre 2025, après 17 ans d’absence.

L’Inde attend désormais un interlocuteur politique capable de rétablir le calme et de préserver un voisinage devenu stratégique, à la fois sur le plan historique, géopolitique et sécuritaire.

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