Star planétaire, Brigitte Bardot est morte, dimanche 28 décembre, à l’âge de 91 ans. Engagée pour la cause animale après son retrait du cinéma français en 1973, elle s’est surtout fait entendre pour ses prises de positions politiques. L’icône française a longtemps flirté avec le Front national, voyant en Marine Le Pen « la Jeanne d’Arc du XXIe siècle ».
Cette dernière a d’ailleurs été l’une des premières à lui rendre hommage, dimanche matin. « La France perd une femme exceptionnelle, par son talent, son courage, sa franchise, sa beauté. […] Elle était incroyablement française : libre, indomptable, entière », a déclaré sur X la présidente du Rassemblement national à l’Assemblée.
Jean-Marie Le Pen, « révolté comme moi par certaines choses »
« Je n’ai jamais demandé à personne d’être raciste et je ne pense pas nourrir de haine raciale », se défendait Brigitte Bardot en 2018 dans son livre testament « Larmes de combat ». Cependant, ses déclarations visant l’islam contre l’abattage rituel lors de l’Aïd et la viande halal servent de tribune à un discours hostile aux musulmans et à l’immigration. Elle a été condamnée à six reprises pour incitation à la haine raciale entre 1997 et 2008.
Brigitte Bardot, qui prêta ses traits à la Marianne républicaine dans les années 1960, se revendiquait « conservatrice » en politique et « patriote ». La droite est le « seul remède urgentissime à l’agonie de la France », écrivait-elle dans son « BBcédaire » paru en 2025.
En 1996, dans sa biographie « Initiales B.B. », elle rendait hommage à Jean-Marie Le Pen, « un homme charmant, intelligent, révolté comme moi par certaines choses » et ne cachait pas partager les idées du fondateur du FN, devenu Rassemblement National, contre « la poussée terrifiante de l’immigration ». C’est chez lui qu’elle avait rencontré son quatrième mari, Bernard d’Ormale, conseiller du co-fondateur du Front national.
Jean-Marie Le Pen et sa fille ont régulièrement rendu hommage à l’ancienne actrice. « Les plages françaises sont celles de Bardot et Vadim », affirmait Marine Le Pen en pleine polémique sur le burkini à l’été 2016, en allusion au film « Et Dieu… créa la femme ».
« La référence à Bardot est faite dans une perspective identitaire » et permet au parti de gagner en légitimité, alors qu’il est dans l’ensemble boudé par les artistes, décryptait en 2018 Sylvain Crépon, enseignant-chercheur en sciences politiques, auprès de l’AFP.
Soutien de Marine Le Pen en 2012
En 2012, B.B. appelait les maires de France à apporter leurs parrainages à Marine Le Pen, candidate à la présidentielle, et annonçait voter pour cette « femme admirable ». Avant la présidentielle de 2017, elle affirmait encore : « Marine Le Pen, je l’aime beaucoup et depuis longtemps ».
Brigitte Bardot, qui se disait « contre le vivre-ensemble », voyait en elle une responsable politique capable de « reprendre la France en main, de remettre des frontières et de redonner la priorité aux Français ».
Des chefs d »État pas assez engagés
Souvent reçue à l’Élysée, Brigitte Bardot a pu avoir la dent dure avec les chefs d’État, pas assez engagés, selon elle, dans la protection des animaux. Invitée par Charles de Gaulle, elle était arrivée vêtue d’une veste à brandebourgs, que l’on retrouve sur les uniformes d’officiers, et avait été accueillie par un « Chic ! Un militaire ! ».
Valéry Giscard d’Estaing, « son ami », l’avait « draguée », racontait-elle. François Mitterrand, « maudit soit le jour de son investiture. (…) Toute la détresse que nous subissons est la suite de son œuvre maléfique », lâchait-elle dans son « BBcédaire ».
Quant à Jacques Chirac, « c’est le roi des menteurs » qui « fait la course » avec Nicolas Sarkozy, avait-elle assuré dans une interview à France 2.
Dans une lettre ouverte, elle fustigeait encore l' »inutilité », la « lâcheté » et le « mépris des Français » d’Emmanuel Macron. « Je juge les politiques à l’aune de ce qu’ils proposent pour la cause animale. C’est aussi simple que ça », disait-elle au Monde en 2017.
« J’ai eu un espoir insensé quand le Front national a fait des propositions concrètes pour réduire la souffrance animale. Mais j’ai aussi sollicité Mélenchon (…) Si demain un communiste reprend les propositions de ma fondation, j’applaudis et je vote », assurait-elle.
La cause animale a souvent figuré dans les programmes électoraux en France, parmi les pays d’Europe qui comptent le plus d’animaux de compagnie, rappelait le politologue Sylvain Crépon. Mais, selon lui, Brigitte Bardot avait « une sémantique beaucoup plus proche du FN ».
Avec AFP



