mercredi, janvier 8

Après la mort ce mardi 7 janvier de Jean-Marie Le Pen, figure de l’extrême droite française et finaliste de la présidentielle de 2002, les réactions politiques vont de l’hommage du côté du RN, dont il a été exclu en 2015, à la dénonciation de ses idées. Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a salué le parcours du fondateur de son parti, affirmant qu’il « a toujours servi la France, défendu son identité et sa souveraineté ».

« Je pense aujourd’hui avec tristesse à sa famille, à ses proches, et bien sûr à Marine (Le Pen) dont le deuil doit être respecté », a-t-il ajouté sur X.

Le vice-président du RN, Sébastien Chenu, a défendu un « immense patriote, visionnaire » et « une incarnation du courage ».

Jean-Marie Le Pen a été exclu du Front national (devenu Rassemblement national en 2018) en 2015 après avoir répété sa défense du maréchal Pétain et « maintenu » que les chambres à gaz lors de la Seconde Guerre mondiale ont été un « détail de l’histoire ». Il avait fondé le FN en 1972 aux côtés d’un ancien Waffen-SS, Pierre Bousquet, et s’était peu à peu retiré de la vie politique à partir de 2011, lorsque sa fille Marine Le Pen avait repris la présidence du parti.

Dans un communiqué, le parti a d’ailleurs mis en avant un « homme politique courageux et talentueux » et « un emblématique défenseur des peuples », mais aussi une personnalité vue par « certains » comme « un ‘Menhir’, qui se plaisait parfois à être polémique ».

Pour sa part, Éric Ciotti, l’ancien patron de LR qui s’est allié au RN lors des dernières législatives anticipées, a salué un « homme politique au parcours jalonné de zones d’ombres, mais aussi de courage, d’intuitions puissantes et de patriotisme sincère ». « Bien que son combat politique ait été durablement entaché par ses outrances et ses dérapages, il a été un lanceur d’alerte précurseur sur l’immigration de masse et ses ravages », a-t-il affirmé dans un communiqué.

« Le combat » contre ses idées « continue » pour la gauche

En dehors de l’extrême droite, les politiques ont souligné leur opposition aux idées portées par Jean-Marie Le Pen, condamné plusieurs fois, pour contestation de crimes contre l’humanité et provocation à la haine raciale notamment. Dans un communiqué, Emmanuel Macron, par la voix de l’Élysée, a déclaré que l’ex-député et candidat à la présidentielle a joué un « rôle dans la vie publique » qui « relève désormais du jugement de l’Histoire ». Le chef de l’État « exprime ses condoléances à sa famille et ses proches », a ajouté le communiqué.

Le Premier ministre François Bayrou a estimé ce mardi qu' »au-delà des polémiques qui étaient son arme préférée et des affrontements nécessaires sur le fond, Jean-Marie Le Pen aura été une figure de la vie politique française ». Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a quant à lui affirmé que « quelle que soit l’opinion que l’on peut avoir de Jean Marie Le Pen, il aura incontestablement marqué son époque ».

À gauche, Jean-Luc Mélenchon a jugé que « le respect de la dignité des morts et du chagrin de leurs proches n’efface pas le droit de juger leurs actes ». « Ceux de Jean-Marie Le Pen restent insupportables. Le combat contre l’homme est fini. Celui contre la haine, le racisme, l’islamophobie et l’antisémitisme qu’il a répandus, continue », a-t-il déclaré sur X.

Le coordinateur national de La France insoumise, Manuel Bompard a dénoncé les « hommages dégoulinants de ses héritiers aujourd’hui » qui « rappellent que ses idées demeurent et que la lutte anti-fasciste reste d’une actualité brûlante ». « Non, il n’était pas ‘un grand serviteur de la France’. C’était un nostalgique de la collaboration, un responsable de la torture, un raciste et un antisémite », a-t-il écrit sur X.

Le porte-parole des députés socialistes Arthur Delaporte a également estimé que « la mort de Jean-Marie Le Pen ne doit pas exonérer le Rassemblement national du poids de son héritage: xénophobie, antisémitisme, rejet de l’autre ».

Le Breton, qui aimait être surnommé « le menhir », avait sorti l’extrême droite française de sa marginalité au cours d’une carrière politique qui a marqué la Ve République. Le 21 avril 2002, à 73 ans et pour sa quatrième candidature à l’Élysée, il avait crée la surprise en se qualifiant pour le second tour de l’élection présidentielle. Le triomphe avait eu son revers: pendant quinze jours, des millions de personnes avaient défilé contre le racisme et son incarnation politique et Jacques Chirac avait été très largement réélu président.

Article original publié sur BFMTV.com

Partager
Exit mobile version