Après la mort ce mardi 7 janvier de Jean-Marie Le Pen, figure de l’extrême droite française et finaliste de la présidentielle de 2002, les réactions politiques vont de l’hommage du côté du RN, dont il a été exclu en 2015, à la dénonciation de ses idées. Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a salué le parcours du fondateur de son parti, affirmant qu’il « a toujours servi la France, défendu son identité et sa souveraineté ».
« Je pense aujourd’hui avec tristesse à sa famille, à ses proches, et bien sûr à Marine (Le Pen) dont le deuil doit être respecté », a-t-il ajouté sur X.
Le vice-président du RN, Sébastien Chenu, a défendu un « immense patriote, visionnaire » et « une incarnation du courage ».
Jean-Marie Le Pen a été exclu du Front national (devenu Rassemblement national en 2018) en 2015 après avoir répété sa défense du maréchal Pétain et « maintenu » que les chambres à gaz lors de la Seconde Guerre mondiale ont été un « détail de l’histoire ». Il avait fondé le FN en 1972 aux côtés d’un ancien Waffen-SS, Pierre Bousquet, et s’était peu à peu retiré de la vie politique à partir de 2011, lorsque sa fille Marine Le Pen avait repris la présidence du parti.
Dans un communiqué, le parti a d’ailleurs mis en avant un « homme politique courageux et talentueux » et « un emblématique défenseur des peuples », mais aussi une personnalité vue par « certains » comme « un ‘Menhir’, qui se plaisait parfois à être polémique ».
Pour sa part, Éric Ciotti, l’ancien patron de LR qui s’est allié au RN lors des dernières législatives anticipées, a salué un « homme politique au parcours jalonné de zones d’ombres, mais aussi de courage, d’intuitions puissantes et de patriotisme sincère ». « Bien que son combat politique ait été durablement entaché par ses outrances et ses dérapages, il a été un lanceur d’alerte précurseur sur l’immigration de masse et ses ravages », a-t-il affirmé dans un communiqué.
« Le combat » contre ses idées « continue » pour la gauche
En dehors de l’extrême droite, les politiques ont souligné leur opposition aux idées portées par Jean-Marie Le Pen, condamné plusieurs fois, pour contestation de crimes contre l’humanité et provocation à la haine raciale notamment. Dans un communiqué, Emmanuel Macron, par la voix de l’Élysée, a déclaré que l’ex-député et candidat à la présidentielle a joué un « rôle dans la vie publique » qui « relève désormais du jugement de l’Histoire ». Le chef de l’État « exprime ses condoléances à sa famille et ses proches », a ajouté le communiqué.
Le Premier ministre François Bayrou a estimé ce mardi qu' »au-delà des polémiques qui étaient son arme préférée et des affrontements nécessaires sur le fond, Jean-Marie Le Pen aura été une figure de la vie politique française ». Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a quant à lui affirmé que « quelle que soit l’opinion que l’on peut avoir de Jean Marie Le Pen, il aura incontestablement marqué son époque ».
À gauche, Jean-Luc Mélenchon a jugé que « le respect de la dignité des morts et du chagrin de leurs proches n’efface pas le droit de juger leurs actes ». « Ceux de Jean-Marie Le Pen restent insupportables. Le combat contre l’homme est fini. Celui contre la haine, le racisme, l’islamophobie et l’antisémitisme qu’il a répandus, continue », a-t-il déclaré sur X.
Le coordinateur national de La France insoumise, Manuel Bompard a dénoncé les « hommages dégoulinants de ses héritiers aujourd’hui » qui « rappellent que ses idées demeurent et que la lutte anti-fasciste reste d’une actualité brûlante ». « Non, il n’était pas ‘un grand serviteur de la France’. C’était un nostalgique de la collaboration, un responsable de la torture, un raciste et un antisémite », a-t-il écrit sur X.
Le porte-parole des députés socialistes Arthur Delaporte a également estimé que « la mort de Jean-Marie Le Pen ne doit pas exonérer le Rassemblement national du poids de son héritage: xénophobie, antisémitisme, rejet de l’autre ».
Le Breton, qui aimait être surnommé « le menhir », avait sorti l’extrême droite française de sa marginalité au cours d’une carrière politique qui a marqué la Ve République. Le 21 avril 2002, à 73 ans et pour sa quatrième candidature à l’Élysée, il avait crée la surprise en se qualifiant pour le second tour de l’élection présidentielle. Le triomphe avait eu son revers: pendant quinze jours, des millions de personnes avaient défilé contre le racisme et son incarnation politique et Jacques Chirac avait été très largement réélu président.
Article original publié sur BFMTV.com