Il y a un nouveau lac au cœur de Paris. On ne s’y baigne pas. On n’y nourrit pas les canards. Non : on le regarde, on l’écoute, on y rêve. D’autant que ce lac est constellé de multiples bols en porcelaine qui flottent à sa surface. Mus par un courant invisible, ils s’entrechoquent avec douceur, produisant un tintement similaire à celui que ferait le vent dans un mobile composé de fragments de cristal. Ce lac musical, parfaitement rond, de 18 mètres de diamètre, est une œuvre d’art.
On peut l’admirer sous la coupole de verre de la Bourse de commerce, au centre de sa rotonde de béton clair. Baptisée Clinamen – le nom que donnait le philosophe antique Lucrèce à la déviation spontanée des atomes dont le choc permet à la nature de créer –, elle est due à l’artiste Céleste Boursier-Mougenot, qui n’avait sans doute jamais eu pour elle d’écrin aussi parfait.
Les jeux de Céleste Boursier-Mougenot
À son sujet, Emma Lavigne, commissaire de l’exposition, conservatrice générale et directrice générale de la Collection Pinault (François Pinault est propriétaire du Point), évoque Miro capturant « l’infini dans l’espace clos de la toile » ou Monet conférant à un étang « les dimensions de l’illimité. » L’été va bien à Clinamen : les jeux d’ombre et de lumière, orchestrés par le soleil dans les membrures de la verrière, dessinent sur l’eau les flèches mouvantes d’un cadran solaire autant que les longitudes d’une fantastique mappemonde. La Terre est un lac sonore.
« Clinamen », d […] Lire la suite