Le projet de loi de finances pour 2026 ne contient plus que quelques crédits destinés aux restes à payer du programme « Notre école, faisons-la ensemble ». S’il est adopté, le financement national de l’uniforme, qui était assuré par le biais de ce programme, s’éteindra donc silencieusement, dans une indifférence tout de même spectaculaire quand on se souvient de la bruyante communication qui avait entouré, au plus haut sommet de l’Etat, la mise en place de cette expérimentation.
Dernier épisode en date, le communiqué de presse du ministère de l’éducation nationale de mars promettant les résultats d’une évaluation nationale pour le mois d’avril. Depuis, là aussi, silence.
Hier, il fallait donc d’urgence habiller les enfants en uniforme. Cette uniformisation du vêtement scolaire devait même permettre à l’élève « d’être directement conditionné au travail, au devoir, à la discipline, à la hiérarchie et à la réussite », selon Anne Stémart, adjointe (Horizons) à l’éducation de la ville de Metz, une commune expérimentant l’uniforme dans six écoles comptant près de 800 enfants. Soit. Aujourd’hui, donc, cela ne semble plus si nécessaire.
Imposer un jour aux enfants un uniforme, puis le lendemain ne plus l’imposer, sans évaluation, sans suivi, sans accompagnement, qui s’en soucie après tout ? Les divisions apparues entre familles dans les écoles (les pro et les anti-uniformes), les conflits entre les directions d’établissement et les familles opposées à l’uniforme, les enfants qui ne voulaient pas, tout simplement, quelle importance ? « Ce ne sont que des enfants, n’est-ce pas ? », « ils s’y feront, comme on s’y est fait avant eux », a-t-on pu entendre.
Mépris total
Dans un article de 1978 intitulé « Adultism », le psychologue américain Jack Flasher définissait cette notion comme le pouvoir physique et légal que les adultes ont sur les enfants, fondé sur la croyance en une infériorité naturelle des mineurs.
Comment ne pas voir que l’expérimentation de l’uniforme, cet habit unique et obligatoire imposé aux enfants au mépris total de leur liberté vestimentaire, et donc de leur liberté d’expression, a été un révélateur flagrant de l’adultisme structurel de notre société ?
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