mardi, décembre 30

L’affaire a fait grand bruit, dans la commune d’Orvault, en Loire-Atlantique. En plein cœur d’un quartier résidentiel, un casier Mondial Relay a été installé cet automne dans un jardin de particulier. Craignant un flux continu de véhicules et de clients dans ce quartier paisible, au nez et à la barbe des habitants, des élus et des commerçants locaux, les riverains se sont mobilisés.

L’implantation de ces casiers de quelques mètres cubes, permettant le retrait ou le dépôt de colis, se veut pratique et moins chère pour les consommateurs, mais c’est aussi devenu un véritable « Far West ». Leur installation n’est en effet soumise à aucune réglementation. Amazon, Mondial Relay, Vinted Go, AliExpress : ces casiers déferlent sur l’ensemble du territoire national, en osmose avec la montée du commerce en ligne. Les chiffres sont exponentiels. En 2021, 300 « lockers » [consignes automatiques] Mondial Relay étaient dénombrés en France ; ils sont désormais près de 9 000, avec un objectif à 10 000 casiers en 2026.

Cette prolifération, en dehors des zones de chalandise traditionnelles, est symptomatique des stratégies agressives d’un certain nombre de multinationales de la logistique et de l’e-commerce.

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En parallèle, des milliers de commerçants de proximité, partenaires de ces grands groupes, contestent la résiliation unilatérale de leur contrat. A travers toute la France, l’entreprise Mondial Relay vient de supprimer 3 500 points relais de proximité, remplacés par ces consignes automatiques.

Des pertes de revenus

Ces réorganisations des réseaux de distribution entraînent des pertes de revenus non négligeables pour les commerçants : plusieurs centaines d’euros par mois, à raison de 20 à 40 centimes par colis. Lorsqu’un point relais ferme, le commerce est fragilisé, c’est aussi au détriment de la consommation dans les commerces alentour, en particulier dans les centres-bourgs et les cœurs de ville.

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A l’heure de la lutte contre les concurrences déloyales, l’expansion anarchique des lockers déséquilibre l’aménagement commercial de nos communes. Aussi, comme le maire d’Orvault, de nombreux élus appellent à légiférer, afin d’instaurer des règles claires et de mettre à leur disposition des outils indispensables pour garder la maîtrise de l’aménagement du territoire : obligation de déclaration préalable d’urbanisme, encadrement des emplacements, contreparties financières pour accompagner et maintenir les guichets commerçants de proximité.

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