Regrettant de ne pas avoir été informée des actions judiciaires engagées par les présidentes de France Télévisions et de Radio France à l’encontre des médias du groupe Bolloré, la ministre de la culture, Rachida Dati, a déclaré : « Cette démarche n’a été en aucun cas concertée et encore moins approuvée par les tutelles. » La revendication d’une prétendue « tutelle » montre combien les autorités publiques peinent à intégrer pleinement les exigences pourtant constitutionnelles d’indépendance de l’audiovisuel public.
Le respect de cette indépendance s’impose au gouvernement pour deux raisons. La première : la neutralité et l’impartialité auxquelles l’audiovisuel public est assujetti – qui n’interdisent pas une ligne éditoriale déterminée par la loi, consistant à promouvoir les valeurs républicaines de cohésion sociale. En raison, ensuite, de la mission assignée au service public audiovisuel : proposer un ensemble de programmes pluralistes afin de permettre au public, et à travers lui aux citoyens, de se forger leur propre opinion, et finalement de voter éclairés et libres. Le pluralisme doit être assuré par le secteur public non pas en complément mais indépendamment des programmes fournis par les chaînes et radios privées, afin d’assurer au public en toutes circonstances des services audiovisuels en capacité d’exercer le rôle de « chien de garde » dévolu aux médias dans les sociétés démocratiques.
Telle est la mission constitutionnelle du service public audiovisuel, reconnue par le Conseil constitutionnel en 1986 dans sa décision relative à la liberté de communication, dont il a déduit l’exigence d’indépendance de l’audiovisuel public à l’égard de l’exécutif trois ans plus tard.
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