samedi, mai 18
Un homme s’abrite à l’ombre pendant une vague de chaleur à Lyon, le 23 août 2023.

L’Europe a connu en 2023 un nombre record de jours où la chaleur ressentie a été « extrême » pour les corps humains, à cause de températures au-delà de 35 °C ou 40 °C et dont les effets sur les organismes ont été accentués par l’humidité, l’absence de vent ou la chaleur du béton urbain.

« L’année 2023 a atteint un nombre record de jours de “stress thermique extrême”, c’est-à-dire de journées où la “température ressentie” a dépassé l’équivalent de 46 °C », détaille un rapport de l’observatoire européen Copernicus et de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) publié lundi 22 avril. Cet indice de « stress thermique » prend en compte l’effet sur le corps humain de la température combinée à d’autres facteurs (humidité, vent, etc.).

Outre les canicules, le continent a subi de nombreux phénomènes météorologiques extrêmes en 2023 : deux millions de personnes ont été touchées par des inondations ou des tempêtes, des sécheresses sévères ont affecté la péninsule ibérique et l’est de l’Europe et le plus grand incendie de forêt de l’histoire du continent a dévasté 96 000 hectares en Grèce, égrène le rapport annuel du service changement climatique (C3S) de Copernicus.

Ces catastrophes ont coûté 13,4 milliards d’euros, à 80 % imputables aux inondations liées à des précipitations très au-dessus de la moyenne.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Une sécheresse critique s’installe durablement dans le bassin méditerranéen

Augmentation des risques sanitaires

Le rapport s’attarde particulièrement sur les conséquences sanitaires des canicules, alors que le réchauffement climatique rend les étés de plus en plus chauds et meurtriers. « Nous observons une tendance à la hausse du nombre de jours de stress thermique en Europe, et 2023 n’a pas fait exception » avec ce nouveau record, qui n’est toutefois pas quantifié dans le rapport, a déclaré Rebecca Emerton, climatologue à Copernicus.

Pour mesurer ce confort thermique, le C3S et l’OMM se réfèrent à l’indice universel du climat thermique (UTCI, en anglais), qui représente la chaleur subie par le corps humain en prenant en compte non seulement la température, mais aussi l’humidité, la vitesse du vent, l’ensoleillement et la chaleur émise par l’environnement, dont l’effet est plus prononcé dans les villes, où les matériaux (béton, goudron, etc.) absorbent davantage les rayonnements solaires.

L’indice, exprimé en équivalence d’une « température ressentie » en degrés Celsius, comprend dix catégories différentes : du stress froid extrême (au-delà de − 40 °C) au stress chaud extrême (plus de 46 °C) en passant par l’absence de stress thermique (entre 9 °C et 26 °C). Une exposition prolongée au stress thermique augmente le risque de maladie et est particulièrement dangereuse pour les personnes vulnérables.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Comment aider le corps humain à s’adapter aux températures extrêmes

Mesures actuelles « bientôt insuffisantes »

Le 23 juillet, au plus fort de la canicule, 13 % de l’Europe connaissait un degré au moins de stress thermique, du jamais-vu. La chaleur extrême a frappé surtout le sud de l’Europe, où la température de l’air a atteint jusqu’à 48,2 °C en Sicile, soit 0,6 degré de moins que le record continental.

Newsletter

« Chaleur humaine »

Comment faire face au défi climatique ? Chaque semaine, nos meilleurs articles sur le sujet

S’inscrire

Les chiffres de la surmortalité liées à la chaleur en 2023 ne sont pas encore connus, mais le rapport rappelle que des dizaines de milliers de personnes sont mortes en Europe au cours des étés étouffants de 2003, 2010 et 2022.

Lire aussi | Le changement climatique a déjà un impact concret sur notre santé

Causé par les émissions de gaz à effet de serre de l’activité humaine, le réchauffement climatique augmente l’intensité, la durée et la fréquence des canicules. Le phénomène est particulièrement visible en Europe, qui se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne de la planète, dont le climat est déjà au moins 1,2 °C plus chaud qu’avant l’ère industrielle.

Le réchauffement accru en Europe, associé au vieillissement de la population et à l’augmentation du nombre de citadins, aura de « graves conséquences pour la santé publique », ajoute le rapport. Et « les mesures actuelles de lutte contre la canicule seront bientôt insuffisantes » pour y faire face.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu
Partager
Exit mobile version