samedi, juin 29

Un nouveau bruit est venu s’ajouter à celui des sirènes des alertes aériennes à Kiev, troublant l’apparence trompeuse d’insouciance de la capitale ukrainienne sous le soleil de juin : celui des générateurs. Effet collatéral de la guerre qui fait rage dans l’est du pays depuis bientôt deux ans et demi, leur bourdonnement assourdissant devient familier sur le seuil des restaurants dont les terrasses font le plein. Car l’offensive russe ne vise pas seulement les soldats dans les tranchées ou les bâtiments civils en zones urbaines ; elle procède aussi à la destruction méthodique des infrastructures énergétiques d’Ukraine, provoquant des coupures d’électricité chroniques qui épuisent la population.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « La bataille de Kharkiv, en Ukraine, a eu raison de cette “ligne rouge” qu’Européens et Américains semblaient s’être fixée au début de la guerre »

Travail de sape systématique, cette destruction, considérée en droit international comme crime de guerre, a déjà anéanti 50 % de la capacité de génération d’électricité en Ukraine et s’attaque aux infrastructures de stockage. Le but, selon les autorités, est de rendre les villes invivables. Comment gérer l’hiver sans chauffage ? Kharkiv, la deuxième ville du pays, est régulièrement pilonnée. « Je ne crois pas que les Russes veuillent prendre Kharkiv, commente un officier supérieur ukrainien. Ils cherchent à terroriser les gens et à les obliger à quitter les villes. »

Voulue par Vladimir Poutine, la guerre s’installe, à l’image des générateurs ou des cortèges de soldats en treillis accompagnant le cercueil d’un des leurs à la chapelle Saint-Michel, spectacle tragiquement ordinaire à Kiev. Guerre d’usure, guerre d’attrition, guerre permanente, elle s’annonce longue, puisque, en face, en Russie, l’économie, l’armée et la société ont été réorganisées au service de cette guerre. Dans leur résistance à l’agresseur, les Ukrainiens ont atteint ce stade où, épuisé par un sprint, on comprend que l’on doit, en réalité, courir un marathon. Le moment est venu de changer de logiciel, dans tous les domaines.

Usure au niveau du pouvoir

Le domaine le plus sensible est celui de la mobilisation. Relever les soldats qui tiennent, difficilement, le front depuis 2022 et constituer la force de réserve qui fait cruellement défaut se révèle un immense défi pour la société. On découvre au passage, lors d’entretiens avec des responsables civils et militaires ukrainiens organisés par l’Institut français de relations internationales et le think tank local New Europe Center, pour la plupart sous le couvert de l’anonymat, que l’idée d’accueillir des instructeurs étrangers sur place pour former les recrues revêt, pour eux, un intérêt d’abord politique : ce serait, reconnaît un officier, excellent pour le moral de la population, ainsi qu’un message à la Russie.

Il vous reste 55.6% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version