dimanche, juillet 7

« Le temps du changement est venu » au Royaume-Uni. Le parti conservateur au pouvoir depuis 14 ans, au plus mal dans les sondages depuis de longs mois, a été lourdement battu par les travaillistes ce jeudi 4 juillet. Selon un premier sondage d’Ipsos à la sortie des urnes, le Parti travailliste obtiendrait 410 sièges, loin devant les conservateurs et leurs 131 députés.

Après cinq Premiers ministres, le Brexit, l’austérité, la crise du coût de la vie, le système de santé public à bout, les Tories se sont attirés tant de griefs de la part des Britanniques que la campagne les a conduits à simplement ambitionner de limiter la casse.

Pour Rishi Sunak, la campagne a tourné au chemin de croix. C’est pourtant bien lui qui avait pourtant tenté de prendre l’initiative fin mai en convoquant les électeurs en juillet sans attendre l’automne comme attendu. L’image désastreuse de l’annonce, faite devant Downing Street sous une pluie battante et sans parapluie, semblait annoncer la défaite à venir.

L’ancien banquier d’affaires et ministre des Finances de 44 ans a accumulé les gaffes et semblé manquer de sens politique, écourtant sa présence aux célébrations du 80e anniversaire du Débarquement en Normandie et tardant à réagir aux soupçons de paris frauduleux dans son camp sur la date des élections.

À coup de clips alarmistes sur les réseaux sociaux, sa stratégie a surtout consisté à accuser les travaillistes de vouloir augmenter les impôts et d’ouvrir les vannes de l’immigration illégale.

Ces derniers jours, il a brandi la menace que représenterait une « super majorité » travailliste à la Chambre des Communes, qui laisserait le Labour sans contre-pouvoir, admettant de facto sa défaite.

En face, le travalliste Keir Starmer a mis en avant ses origines modestes – mère infirmière et père outilleur – contrastant avec son adversaire multimillionnaire. Pour couper l’herbe sous le pied des attaques de la droite et faire oublier le programme dispendieux de son prédécesseur Jeremy Corbyn, il a promis une gestion des dépenses publiques très rigoureuse, sans augmentation d’impôts.

Il compte sur une stabilité retrouvée, des interventions de l’État et des investissements dans les infrastructures pour relancer la croissance, ce qui doit permettre de redresser des services publics en déclin depuis l’austérité du début des années 2010.

Il veut se montrer ferme sur les questions migratoires et se rapprocher de l’Union européenne – sans la rejoindre. Mais il a déjà prévenu ne pas avoir de « baguette magique » et les Britanniques se montrent, dans les sondages, sans illusion sur les perspectives de changement.

Si sa prudence lui a parfois valu des accusations de manquer d’ambition, elle a permis au Labour d’engranger des soutiens dans les milieux d’affaires et dans la presse étiquetée à droite. Après le quotidien Financial Times ou le magazine The Economist, c’est le tabloïd The Sun qui a appelé mercredi à voter travailliste.

« Le temps du changement est venu », affirme le journal populaire détenu par le magnat Rupert Murdoch et dont le basculement pour le Labour en 1997 s’était révélé crucial pour la victoire de Tony Blair.

Article original publié sur BFMTV.com

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