dimanche, décembre 22

Jamais l’éducation nationale n’aura autant évalué qu’en 2024. Quelque 6,4 millions d’enfants du CP à la 6e, ainsi que les 4e, les 2de et les CAP, ont passé, entre le 9 et le 27 septembre, des tests standardisés destinés à mesurer leur maîtrise de compétences, jugées fondamentales par le ministère, en mathématiques et en français.

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Ces évaluations ont été introduites sous leur forme actuelle en 2018, d’abord en CP et en 6e, avant d’être étendues. Elles ont aussi fait l’objet du premier appel à la grève de l’année, le 10 septembre. Tous les syndicats enseignants ne se sont pas associés au mouvement, mais les sept organisations représentatives s’opposent unanimement à leur généralisation, prévue en cette rentrée.

Depuis leur création, ces tests standardisés sont critiqués pour leur lourdeur à administrer, surtout dans le second degré où ils sont maintenant informatisés, et leur caractère superfétatoire pour les enseignants censés évaluer déjà leurs élèves. Ils « mettent en avant une conception restrictive et archaïque des apprentissages », centrée sur les « seuls “fondamentaux” », dénonce surtout l’intersyndicale, mettant en garde contre une école qui deviendrait une « institution aux pratiques uniformisées éloignées des besoins des élèves ».

« Source d’erreurs et de troubles »

Caroline Pascal, directrice générale de l’enseignement scolaire défend, elle, « une aide aux enseignants pour poser dès le début de l’année un diagnostic sur la maîtrise des compétences-clés et ainsi cibler les actions de remédiation ». « Il ne s’agit pas de formater l’ensemble de l’enseignement à partir de compétences, assure-t-elle, mais de s’assurer que les élèves maîtrisent ces éléments de base, qui ne sont certes pas suffisants pour leur réussite, mais qui sont nécessaires. »

Ces évaluations nationales et le débat qui les entoure s’inscrivent dans une histoire de quarante ans. La Rue de Grenelle cherche à évaluer les acquisitions scolaires des élèves depuis la fin des années 1970, d’abord sur la base d’échantillons, puis, à partir de 1989, de tests passés par l’ensemble des élèves. Le format et la fréquence de ceux-ci ont varié selon les périodes, mais leur bien-fondé a toujours été questionné.

Dans un article de 2015 intitulé « Les évaluations standardisées des élèves, perspective historique », deux statisticiens du ministère de l’éducation nationale, Bruno Trosseille et Thierry Rocher, rappelaient que les évaluations répondaient à deux fonctions principales qui ne devaient pas être confondues : d’une part le diagnostic individuel des élèves à destination de l’enseignant, et d’autre part le bilan collectif des acquisitions à des fins de pilotage du système scolaire. Une visée pédagogique d’un côté, une finalité politique de l’autre. « Depuis les années 1990, le ministère a souvent entretenu la confusion entre ces deux types d’évaluations », notaient les deux chercheurs, relevant une potentielle « source d’erreurs et de troubles ».

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