En quelques semaines, Les Républicains (LR) ont connu des turbulences significatives. Il y a d’abord eu le choc de la dissolution, puis, deux jours plus tard, la sécession du président du parti, Eric Ciotti, qui a pris de court son camp en annonçant nouer une alliance avec le Rassemblement national (RN). S’est ensuivi un vaudeville avec le reste des ténors de la droite pour le contrôle du parti. Depuis, M. Ciotti, n’ayant plus aucune prise sur LR, s’est engagé dans une bataille juridique pour rester à sa tête, et a déclaré vouloir faire voter les militants pour qu’ils tranchent la ligne politique du parti. Le groupe de la Droite républicaine à l’Assemblée a, lui, conservé 47 sièges, au milieu des trois blocs sans majorité.
Selon Emilien Houard-Vial, doctorant en science politique au Centre d’études européennes et de politique comparée de Sciences Po Paris, dans cette nouvelle donne politique, si Les Républicains gardent pour le moment le cap d’une « opposition constructive » au camp présidentiel, ce n’est que pour « limiter la casse ».
Affaibli par son déclin électoral des dix dernières années et pris en étau entre le bloc central et celui de l’extrême droite, « le parti a besoin de dresser son bilan critique et d’engager un renouvellement à la fois organisationnel et programmatique » s’il souhaite gouverner de nouveau, souligne celui qui réalise sa thèse sur la production et la diffusion de l’idéologie au sein de la droite française.
Comment analysez-vous la situation politique de LR, plusieurs semaines après l’annonce du pacte entre Eric Ciotti et le RN et les élections législatives ?
Ni l’annonce de l’alliance du président du parti avec le RN ni même la nouvelle donne politique à l’Assemblée n’ont vraiment poussé Les Républicains à trancher leur ligne stratégique, ou plutôt à les faire dévier de leur précédente. De facto, Eric Ciotti a conclu ce pacte avec l’extrême droite presque tout seul, puisqu’il a été suivi par une poignée de fidèles. C’est donc moins une alliance qu’une absorption des ciottistes par la galaxie frontiste.
Si on se concentre sur ceux qui restent, la ligne politique et stratégique tenue par LR reste à peu près la même qu’avant la dissolution : celle d’une ligne de crête vis-à-vis du macronisme. Certes, la vacance du pouvoir actuelle accorde plus de marge d’initiative aux députés de la droite, mais ils se positionnent toujours comme une force pivot capable d’appuyer le bloc central dans l’Hémicycle, en proposant des pistes pour une alliance législative, sans pour autant vouloir prendre part à un gouvernement de coalition.
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