mardi, avril 22

Gérald Darmanin a annoncé ce dimanche 13 avril vouloir construire des prisons en préfabriqué.
Ces structures modulaires pourraient accueillir dès 2026 les détenus jugés les moins dangereux.
Certains pays ont déjà adopté cette solution au surpeuplement carcéral.

Après les prisons de haute sécurité (nouvelle fenêtre), place aux « prisons modulaires ». Gérald Darmanin a annoncé, dimanche 13 avril dans Le Figaro (nouvelle fenêtre), vouloir lancer la construction de petites prisons en préfabriqué. Le but : accueillir des détenus en fin de peine ou condamnés à des peines courtes, afin de résorber une partie de la surpopulation carcérale (nouvelle fenêtre). Le ministre de la Justice s’est rendu ces derniers jours en Allemagne et au Royaume-Uni, où cette solution semble avoir déjà conquis les autorités.

Une première prison modulaire dans l’Aube

En France, la première devrait ouvrir dès l’automne 2026 à Troyes (Aube). Elle pourra accueillir 50 détenus. Au total, à l’horizon 2028, il devrait y avoir une quinzaine de structures comme celle-là, pour un total de 3.000 places, réservées notamment aux détenus condamnés pour des délits routiers. De quoi accélérer à vitesse grand V le plan d’Emmanuel Macron, qui ambitionnait en 2017 d’ouvrir 15.000 places de prison dans les dix ans. Un objectif encore très loin d’être atteint.

Pourquoi opter pour des bâtiments modulaires ? Le ministre de la Justice y voit deux avantages. Ces constructions sont d’abord très rapides à installer, puisqu’il suffit de les assembler, alors qu’il faut en moyenne sept ans pour bâtir un centre de détention classique. Leur coût est logiquement moindre, les rendant plus facilement acceptables par les élus des territoires concernés.

Deux appels d’offres seront lancés par l’État, en mai puis en juin. Le premier concernera des prisons de semi-liberté, où les détenus passent la nuit et sortent la journée pour travailler, suivre une formation ou un enseignement. Le deuxième aura pour but de construire de véritables prisons, a précisé Gérald Darmanin ce lundi. L’heure est donc à la prospection pour comparer les systèmes possibles.

La prison de Meppen a coûté 5 millions d’euros, soit 30% de plus qu’une prison normale

Média allemand NDR Fernsehen

Des avantages qui ont déjà convaincu des pays voisins de l’Hexagone, comme l’Allemagne. Gérald Darmanin s’est rendu en Basse-Saxe, au nord du pays, et plus précisément au sein du complexe pénitentiaire de Meppen, l’un des premiers du genre, inauguré en 2021. Le ministre était accompagné de représentants de syndicats pénitentiaires (CGT, SPS, FO-surveillants, Ufap-surveillants) afin de les convaincre de l’utilité de ce nouveau type de prison.

Sur place, ils ont pu observer les cellules, vidées de tout détenu pour une journée et protégées par une ribambelle de dispositifs de sécurité. Car, contrairement à ce que prévoit pour le moment la France, les prisons modulaires allemandes accueillent souvent des détenus vulnérables, qu’ils aient un handicap ou qu’ils soient connus médiatiquement, dont les peines peuvent aller jusqu’à quinze ans de détention.

Derrière les avantages manifestes de ces constructions en préfabriqué, reste un problème, relève le média allemand NDR Fernsehen (nouvelle fenêtre) : « La prison de Meppen a coûté 5 millions d’euros, soit 30% de plus qu’une prison normale. » Les services de la place Vendôme ont déjà prévu une enveloppe dédiée à ces projets immobiliers dans la loi de finances pour 2026.

Les prisons françaises occupées à 131%

De son côté, le Royaume-Uni a lui aussi choisi de construire des prisons modulaires, bien qu’elles concentrent les critiques outre-Manche. Elles seraient mal isolées, trop anciennes et bruyantes. Pourtant, sur son site internet, le constructeur choisi par le gouvernement, l’entreprise Premier Modular (nouvelle fenêtre), montre l’exemple d’un établissement pour « jeunes délinquants » qui a été agrandi en seulement douze semaines, pour faire face à la suroccupation. Il comporte maintenant 240 places supplémentaires et un bâtiment consacré à « l’enseignement ».

Une solution approuvée par Damian Hinds, qui avait déclaré en 2023 alors qu’il était ministre des Prisons : « Le gouvernement ne reculera devant rien pour garantir que nous disposons de suffisamment de cellules de prison pour retirer les criminels dangereux des rues. »

La France enchaîne, de mois en mois, les records de surpopulation carcérale : au 1ᵉʳ mars, 82.152 personnes étaient détenues dans les prisons françaises, pour 62.539 places, soit un taux d’occupation de 131,7%. Plus de 4.850 détenus dormaient alors sur un matelas à même le sol. Dans les maisons d’arrêt, où sont incarcérés les suspects en attente de jugement, donc présumés innocents, et ceux condamnés à de courtes peines, cette surpopulation s’établit même à 159,9%.

Zoe SAMIN

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