mardi, mai 21
Dans le couloir qui mène aux différentes salles de production de médicaments de thérapie innovante. Un protocole stricte d'habillage stérile est mis œuvre. Dans le centre MEARY sur le traitement des lymphomes par injection de cellules CART_T, à l'hôpital Saint-Louis (AP-HP) à Paris, le 11 avril 2024.

La France accuse un gros retard par rapport à ses voisins en matière de structures publiques capables de produire des cellules CAR-T. Des villes comme Barcelone (Espagne), Londres, Stockholm, Erlangen (Allemagne), notamment, se sont dotées de centres de production académiques de CAR-T évaluées dans des essais cliniques. A New York, un système de production de CAR-T a été mis au point par Isabelle Rivière dès 2007, au Memorial Sloan Kettering Cancer Center (MSKCC).

Mais la France se réveille. Le 16 avril, un consortium labellisé par l’Institut national du cancer a été créé pour fédérer les recherches sur les CAR-T. A Besançon, l’Etablissement français du sang (EFS) a été le premier centre du pays à produire des CAR-T académiques aux normes de « bonnes pratiques de fabrication » (BPF), très exigeantes en matière de sécurité pour les patients.

A Saint-Louis, le centre MEARY a été autorisé, début 2020, à produire des médicaments de thérapie innovante pour les établissements de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et d’autres partenaires académiques ou industriels. « Nous allons bientôt commencer les premières fabrications de CAR-T aux normes BPF », explique son directeur, Jérôme Larghero. Ces CAR-T devraient être utilisées dans différents essais cliniques.

A Suresnes (Hauts-de-Seine), une plate-forme de thérapie cellulaire unique en France vient de poser ses cartons : CellAction, créée par l’Institut Curie et intégrée au Paris Saclay Cancer Cluster (PSCC). Sa mission : « Accélérer l’innovation thérapeutique, explique Marion Alcantara, directrice médicale de la plate-forme. Ici, nous allons fabriquer des cellules CAR-T aux normes pré-BPF. Il existait un vide entre celles utilisées en recherche et celles évaluées lors des essais cliniques. C’est ce vide que nous voulons combler. » En effet, leurs protocoles de fabrication diffèrent, ce qui peut modifier les résultats. « Nous avons du matériel ultrasophistiqué », se réjouit cette hématologue. Le PSCC finance la structure pour 11,7 millions d’euros et l’Institut Curie, pour 2 millions d’euros.

C’est dans ce centre que sera développée une stratégie visant à prolonger encore la durée de vie des CAR-T chez les patients. A cette fin, les chercheurs vont supprimer un gène qui tend à effacer la mémoire des cellules immunitaires. Pour l’heure, la méthode s’est avérée efficace chez la souris. C’est ce qu’ont montré, en 2024, l’équipe de Sebastian Amigorena (CNRS-Inserm-Institut Curie) et celle de l’immunologiste Michel Sadelain.

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