lundi, septembre 23

Il suffit de quatre heures trente seulement pour construire un poids lourd de 44 tonnes à partir de deux simples longerons d’acier, sur l’une des deux lignes d’assemblage de l’usine Renault Trucks, établissement qui fête, cette année, ses 60 ans, à Bourg-en-Bresse, dans l’Ain. Deux mille personnes travaillent ici, dont 20 % de femmes, de 7 heures à 15 h 37. En ce mois de septembre, deux des 115 véhicules qui défilent lentement, chaque jour, dans l’usine, sortent incomplets de la ligne d’assemblage. Le moteur et la boîte de vitesses, de même que le bras de transmission, seront insérés dans leurs entrailles à la toute fin, sur une troisième ligne de finition spécifique.

Ces géants de la route ne sont pas ordinaires, ils sont les tout nouveaux E-Tech électriques que Renault Trucks produit en série depuis novembre 2023. « Ils donnent une idée du bouleversement à l’œuvre dans les usines, où les véhicules à combustion vont devoir de plus en plus cohabiter avec les véhicules à batteries, explique Jean-François Risselin, directeur de la communication du site de Bourg-en-Bresse. L’impact sur la gestion de l’espace et les compétences des personnels est énorme. »

La profession a aujourd’hui une idée claire de sa destinée. « La batterie a pris la tête du peloton dans la course à la décarbonation », déclare Régis Pierrelle, directeur des opérations électromobilité de Renault Trucks. Il était temps : le dernier objectif de l’Union européenne, revu à la hausse en juin, est de réduire les émissions de gaz à effet de serre des camions de 15 % en 2025 pour tous les véhicules neufs vendus par les constructeurs, par rapport à 2019. Puis de 45 % en 2030, et de 90 % en 2040.

« Disruption technologique incroyable »

D’ici là, la souplesse est de mise dans les ateliers bressans de la filiale du suédois Volvo. Sur leur ligne de finition attitrée, les poids lourds électriques doivent tenir le délai de quatre heures trente, afin de ne pas pénaliser la production des véhicules thermiques. Une course contre la montre. « Faire entrer nos E-Tech dans le “temps de passage” habituel est notre principal challenge », souligne M. Risselin. Au lieu de se voir greffer des réservoirs de carburant liquide, les camions électriques reçoivent entre quatre et six packs de batteries contenant chacun 3 600 cellules Samsung. Autonomie : 300 kilomètres. Le moteur vient se positionner entre ces packs, tandis que, sous la cabine, là où se trouve habituellement le moteur diesel, vient se glisser le cerveau du camion, « une sorte d’armoire électrique, un vrai concentré d’intelligence », explique M. Pierrelle.

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