Dopé par le changement climatique, mais désormais affaibli, l’ouragan Melissa est arrivé le soir du 30 octobre aux Bermudes après son passage destructeur en Jamaïque, à Cuba et en Haïti, où il a tué au moins 30 personnes. Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l’ouragan Melissa plus puissant et plus destructeur, selon une étude publiée le 28 octobre par des climatologues de l’Imperial College de Londres.
« Les conditions aux Bermudes vont se détériorer rapidement », indiquait ce 30 octobre dans son dernier point le Centre national américain des ouragans (NHC), qui fait état de vents mesurés à 165 kilomètres par heure annonçant l’arrivée de l’ouragan Melissa. L’alerte a été levée aux Bahamas.
À Haïti, pas directement touché par l’ouragan, mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon un nouveau bilan communiqué ce 30 octobre par les autorités locales. L’essentiel des décès, 23, ont été provoqués par la crue d’une rivière dans le sud-ouest du pays.
Depuis le 29 octobre, Cuba nettoie ses rues inondées et jonchées de débris. À Santiago de Cuba, la deuxième ville du pays, des pans de maisons se sont effondrés et des toits de tôle n’ont pas résisté. La ville est sans électricité, de nombreux poteaux gisent au sol. À El Cobre, à une vingtaine de kilomètres de là, le son des marteaux résonnait sous le soleil revenu : ceux dont le toit s’est envolé s’efforcent de réparer avec l’aide d’amis et de voisins. D’autres s’aventurent dehors en quête de nourriture, certaines boutiques commençant à rouvrir.
« D’immenses destructions »
Le président cubain Miguel Diaz-Canel a indiqué que l’ouragan avait causé des « dégâts considérables », sans faire de victime, selon les autorités. L’ouragan Melissa a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu’il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l’échelle Saffir-Simpson, avec des vents d’environ 300 km/h.
En Jamaïque, « il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d’énergie », a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l’ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. « Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant », a-t-il ajouté, évoquant un million de personnes touchées, sur une île de 2,8 millions d’habitants.
« Il y a eu des victimes et nous nous attendons, au vu de nos informations, à ce qu’il y en ait d’autres », s’est borné à dire ce 30 octobre le ministre jamaïcain des Collectivités locales, Desmond McKenzie. De nombreux habitants n’ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités, pour montrer à quel point les infrastructures ont été endommagées, dans l’ouest surtout. L’armée jamaïcaine s’emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.
L’accès à internet et à l’électricité revenait progressivement ce 30 octobre dans les zones affectées. Betty Chombeau, une touriste française, était en vacances sur place avec ses deux enfants, son mari et un ami. Ils n’ont pas pu quitter le pays plus tôt que prévu et étaient près de Montego Bay, mercredi, dans le nord-ouest de la Jamaïque, quand l’ouragan est passé. Betty Chombeau, jointe par RFI, décrit un spectacle d’apocalypse.
L’aide internationale indispensable
Progressivement, l’aide étrangère a commencé à affluer. Les États-Unis ont « envoyé des équipes de secours et d’intervention dans les zones touchées, ainsi que des fournitures vitales », a indiqué sur X le secrétaire d’État américain Marco Rubio. Le Royaume-Uni va fournir une aide financière d’urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d’euros) pour les pays touchés, et la France envoie également une cargaison d’aide en Jamaïque.
Le secrétaire exécutif de l’ONU chargé du changement climatique a évoqué la grande conférence climatique des Nations unies COP30 qui s’ouvre dans quelques jours au Brésil. « Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l’urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz », a déclaré Simon Stiell.
Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses, augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d’experts du climat mandatés par l’ONU, le Giec.
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