La froide colère de Bruno Retailleau appelant, dimanche 7 décembre, les députés Les Républicains à ne pas voter le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, qualifiant celui-ci de « hold-up fiscal », « social » et « démocratique », montre à quel point les socialistes sont parvenus à marquer des points ces trois derniers mois. Suspension de la réforme des retraites, augmentation du taux de la CSG sur certains placements financiers, abandon de la hausse des franchises médicales comme du gel des pensions et des prestations sociales… Le texte que le gouvernement va tenter de faire voter en séance publique à l’Assemblée nationale, mardi 9 décembre, porte largement la marque d’un groupe de seulement 69 députés mais qui a révélé d’incontestables talents manœuvriers après des années d’endormissement sous le joug de La France insoumise.
Le paradoxe est que ce réveil socialiste s’est accompli sous le magistère d’un premier ministre issu des rangs de la droite, Sébastien Lecornu, que rien, hormis un incontestable talent d’écoute et de dialogue, ne prédisposait à une telle ouverture. Celui qui rêvait de faire affaire avec les socialistes au point de construire un projet politique autour de cette alliance s’appelle François Bayrou.
Depuis 2007, le centriste théorisait l’épuisement du clivage gauche-droite et l’avènement d’un grand centre allant de la gauche de gouvernement à la droite libérale en passant par le centre droit. Le patron du MoDem a cru pouvoir donner corps à son projet à la faveur de la crise politique ouverte par la dissolution de juin 2024, qui a laissé l’Assemblée nationale sans majorité. Mais, à peine nommé à Matignon en décembre 2024, après l’échec de Michel Barnier, François Bayrou a entretenu des relations difficiles, pour ne pas dire exécrables, avec les socialistes, en dépit du geste qu’il leur a consenti de convoquer un conclave sur les retraites afin de rediscuter de la très impopulaire réforme de 2023 sur le sujet.
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