Entre le coût caché des pesticides sur les écosystèmes et notre santé et l’augmentation de la précarité alimentaire dans notre pays, notre système alimentaire ne peut plus faire l’économie d’une transformation radicale. Nous nourrir demain nécessitera de bien articuler la transformation écologique de l’agriculture et l’avènement de nouveaux rapports sociaux à l’alimentation. Mais elle devra aussi s’appuyer sur un nombre plus important d’actifs agricoles. Pour inspirer ces transformations, nous avons intérêt à regarder la manière dont ces questions sont portées par certains projets de fermes urbaines et comment ces structures accompagnent un indispensable « retour à la terre ».
Le constat est sans appel : d’ici à 2026, 45 % des agriculteurs vont cesser leur activité. La décennie qui vient sera donc décisive. Allons-nous faire le choix d’un retour à la terre, ou allons-nous assumer de voir s’effondrer encore le nombre de fermes, alors qu’elles sont déjà 200 à disparaître chaque semaine ? Massifier l’installation agricole et assurer la reprise des fermes existantes sont des impératifs, notamment pour assurer le développement des surfaces en agriculture biologique, la réorientation des productions animales vers la qualité et l’autonomie énergétique, la diversification, la préservation de la biodiversité… Autant de leviers qui permettront de répondre aux vulnérabilités alimentaires de nos territoires.
Si de nombreuses instances, comme les chambres d’agriculture ou les sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer), ont pour mission d’assurer avec l’Etat « le maintien des exploitations en assurant l’installation et la transmission des exploitations vers des projets performants, durables et viables », on ne peut que constater leur échec à contenir les phénomènes de concentration et de financiarisation des exploitations agricoles, conséquence de la rationalisation des activités de production souhaitée par l’aval.
Le profil des personnes qui s’installent aujourd’hui a profondément évolué. La majorité des porteurs de projet sont « non issus du milieu agricole » (NIMA), s’installent plus tardivement et sont plus souvent des femmes. Pour beaucoup, ils développent un projet en agriculture biologique (40 % en Bretagne, en 2023) et/ou en circuit court. Mais ces porteurs de projet se heurtent à la difficulté d’un parcours encore peu adapté, d’un statut très rigide et d’un accès aux aides publiques limité.
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