L’année 2025 restera marquée par un contraste saisissant. D’un côté, la nécessité d’une adaptation rapide aux défis d’un monde de plus en plus dangereux, d’une Europe en mal de consolidation. De l’autre, l’immobilisme de la sphère politique française depuis la désastreuse dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024.
Tout se passe comme si une profonde déconnexion s’était produite entre un président de la République très impopulaire et les forces politiques nationales. L’un multiplie les initiatives sur la scène européenne et mondiale pour tenter de donner corps au concept d’autonomie stratégique, dont il a été l’incontestable éclaireur, tandis que les autres s’ingénient à tourner en rond en attendant qu’Emmanuel Macron veuille bien s’effacer de la scène nationale.
Ce qui se passe en matière militaire est particulièrement éclairant : 6,5 milliards d’euros de crédits supplémentaires d’ici à 2027 ont été annoncés pour adapter l’outil de défense français aux nouveaux risques géopolitiques, mais ils ne sont toujours pas votés, faute de budget. La construction d’un nouveau porte-avions à propulsion nucléaire, destiné à remplacer le Charles-de-Gaulle, a été confirmée mais l’essentiel de la facture, qui s’élève au minimum à 10,2 milliards d’euros, pèsera sur les finances publiques au-delà de 2027. Personne ne sait comment elle sera réglée. Ankylosé, le pays continue de vivre à crédit, plombé par une dette publique qui, malgré les avertissements, a continué de gonfler au troisième trimestre pour atteindre 3 482 milliards d’euros, soit 117,4 % de la richesse nationale.
Risque de tout bloquer
La perte de la culture du compromis qui avait imprégné la IIIe et la IVe République est souvent invoquée pour expliquer l’inquiétant immobilisme dans lequel se complaît le pays. La faute en incomberait à l’accoutumance des députés à une Ve République décrite comme beaucoup trop verticale. L’argument est réel. En moins de dix-huit mois, deux premiers ministres, Michel Barnier et François Bayrou, ont été balayés.
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