dimanche, mai 19
Aya Nakamura, à Paris, le 28 février 2024.

Lors de l’édition 2020 des Grammy Awards, le rappeur Tyler, The Creator est récompensé dans la catégorie du meilleur album de rap avec son album Igor. Malgré cette victoire, l’Américain est partagé. D’un côté, il est « reconnaissant », de l’autre, il a l’impression que la qualification de sa musique comme « rap » est un « compliment détourné ». « Pourquoi ne pouvons-nous pas être nommés dans la catégorie pop ? », avait-il déploré après la cérémonie. L’enjeu, selon lui, va au-delà de la question de style : « Je n’aime pas ce mot, “urbain”, pour moi, c’est une façon politiquement correcte de dire le N-word [en référence au terme péjoratif pour désigner les personnes noires]. »

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La prise de parole de Tyler, The Creator a rapidement été suivie d’effets : quelques mois plus tard, le label Republic Records, qui représente Drake et The Weeknd, a annoncé la fin de l’utilisation du terme « urbain » dans ses descriptifs de départements, d’intitulés de postes et de genres musicaux. La filiale d’Universal Music Group invitait « le reste de l’industrie » à faire de même.

La Recording Academy, qui organise les Grammy Awards, a annoncé dans la foulée le renommage de certaines catégories : « Best Urban Contemporary Album » (« meilleur album urbain contemporain ») est, par exemple, devenu « Best Progressive R & B Album » (« meilleur album de R’n’B progressif »). « Tout cela fait partie de ce que j’espère être un nouveau chapitre de notre histoire, avait justifié son directeur, Harvey Mason Jr. Nous écoutons et apprenons de nos collaborateurs. Nous essayons de nous assurer que nous sommes capables de nous adapter. Et nous voulons être vraiment inclusifs. »

« C’est “les Noirs vous êtes là” »

Le coup d’éclat du rappeur américain faisait écho à une critique de l’étiquette de « musique urbaine » déjà émise en France. Dès 2014, le rappeur Disiz avait pris la parole à ce sujet dans un entretien à Purebreak : « Aux Victoires de la musique, il n’y a même pas de catégorie rap, c’est “cultures urbaines”. Quand j’ai été nommé [en 2006], je me suis retrouvé aux côtés d’un chanteur de reggae, un de zouk. En gros, c’est “les Noirs vous êtes là”. »

En 2022, le rappeur Gims reviendra à la charge : « On nous met dans des catégories. Quand on parle d’album urbain de l’année, c’est comme si on disait “c’est le sous-album de l’année”, c’est péjoratif. Il faut arrêter avec ça », commentait-il, en exprimant l’envie de créer ses propres Victoires de la musique.

Un an plus tard, c’est une cérémonie de récompenses musicales célébrant les « cultures populaires » qui a vu le jour : Les Flammes. Pour les médias spécialisés Booska-P et Yard, à l’origine du projet, la soirée, dont la deuxième édition se tient à Paris, jeudi 25 avril, « célèbre et repositionne les cultures populaires (…) parce qu’on y célèbre les cultures issues des quartiers populaires et la créativité de celles et ceux qui les font grandir ».

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