mercredi, octobre 23

LA LISTE DE LA MATINALE

Une semaine avant la sortie, le 30 octobre, d’Anora, de Sean Baker, Palme d’or à Cannes, quatre films inédits du cinéaste américain sont à découvrir. Egalement à l’affiche, une comédie new yorkaise, Carla et moi, deux documentaires, La Déposition et Coconut Head Generation, enfin la performance de Tahar Rahim dans le biopic Monsieur Aznavour.

A ne pas manquer

« Carla et moi » : névroses new yorkaises

Ben (Jason Schwartzman), qui exerce la profession de chantre de synagogue, vient de perdre sa femme, et avec elle sa voix. Privé de travail, au bout de sa vie, il erre dans la ville. Ultime déchéance, le quadragénaire retourne habiter chez ses « mères », Meira (Caroline Aaron) et Judith (Dolly de Leon). Tandis que les deux femmes s’occupent activement de lui proposer des cœurs à prendre (une superblonde chirurgienne affamée et une ravissante fille de rabbin), Ben retrouve inopinément son ancienne professeure de musique, la fantasque Carla, qui lui demande de la préparer à sa communion solennelle et qui l’enchante bien davantage. On comprendra à quels improbables développements peuvent conduire de tels prolégomènes, parmi lesquels, entre autres moments précieux, la tenue d’un dîner d’officialisation d’engagement amoureux méritant de figurer dans la liste des plus farfelus de l’histoire du septième art. Tout cela prenant place sur un territoire de cinéma délicatement feuilleté. Entre mélancolie et réconfort, un portrait d’une douce cruauté du judaïsme américain contemporain. J. Ma.

Film américain de Nathan Silver. Avec Carol Kane, Jason Schwartzman, Caroline Aaron (1 h 51).

« La Déposition » : le calvaire d’un adolescent abusé par un prêtre

C’est un document exceptionnel, tant dans sa forme que dans son contenu : La Déposition, de Claudia Marschal, présenté au festival de Locarno (Semaine de la critique), relate l’agression sexuelle dont a été victime à l’adolescence son cousin Emmanuel Siess, né en 1980. Durant l’été 1993, Emmanuel dit avoir subi des attouchements de la part du curé Hubert, lequel officiait dans le village alsacien où l’enfant vivait avec sa famille. Emmanuel avait rapporté les faits à ses parents, qui n’avaient pas réagi – l’enquête a été classée pour prescription en mars 2024. Passionnant dans son montage, le récit se construit essentiellement autour de la déposition qu’Emmanuel Siess a faite à la gendarmerie, le 2 décembre 2021, enregistrant l’entretien à l’insu de l’adjudant. Lors de ce rendez-vous, l’adjudant se montre exemplaire, soucieux d’accueillir la parole de la victime et de bien caractériser les faits. Au point que les autorités ont accepté que le document sonore soit utilisé dans le film. Claudia Marschal crée une archive parlante, rythmée par le cliquetis du clavier de l’adjudant, peuplée d’images (Super 8, téléphone portable, plans fixes…) revisitant le trauma. Cl. F.

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