mardi, mai 21

LETTRE DE WASHINGTON

La magistrate Sonia Sotomayor s'exprime devant le Sénat américain, le 14 juillet 2009.

Sonia Sotomayor est un rêve incarné pour la gauche américaine. Première juge d’origine hispanique à la Cour suprême des Etats-Unis, elle symbolise l’émancipation et l’ascension sociale. Née dans le Bronx, à New York, de parents originaires de Puerto Rico, elle a connu une enfance difficile marquée par la pauvreté. Son père, alcoolique, est décédé rapidement. A 7 ans, on lui diagnostique un diabète de type 1, qui va la contraindre tout au long de sa vie à des piqûres d’insuline quotidiennes.

Sa passion pour les livres et son parcours étudiant exemplaire vont lui permettre de se distinguer. En 1997, le président Bill Clinton la nomme juge à la cour d’appel fédérale pour le deuxième circuit. En mai 2009, un autre président démocrate, Barack Obama, la propose pour l’un des neuf sièges à la Cour suprême.

Ce rappel biographique s’impose au moment de considérer les appels, certes isolés, qui montent dans les rangs progressistes depuis plusieurs semaines en faveur de sa démission. Sonia Sotomayor se trouve-t-elle au cœur d’un scandale éthique, comme le chef de file des conservateurs à la Cour, Clarence Thomas ? Point. Ses aptitudes cognitives seraient-elles diminuées en raison d’un âge avancé ? Absolument pas. Sonia Sotomayor a beau être l’aînée des trois juges libéraux, elle n’a que 69 ans.

Lire aussi, en 2009 : Aux Etats-Unis, une « Latina » à la Cour suprême

Les auditeurs fréquents des débats oraux devant la Cour ces derniers mois confirment son acuité. Elle demeure une magistrate rigoureuse et empathique, soucieuse de la traduction dans la vie réelle des décisions prises par la plus haute instance judiciaire du pays.

Et pourtant, une étrange campagne, désordonnée, s’est déclenchée dans les rangs progressistes. Elle a commencé par des rumeurs anonymes, dans les lettres spécialisées. Elle s’est poursuivie, le 18 mars, dans la revue The Atlantic, par un article du journaliste Josh Barro. Ce dernier appelait Sonia Sotomayor à se retirer pour que l’actuel président, Joe Biden, puisse nommer un(e) autre juge, également libéral(e), plus jeune, qui serait confirmé(e) par le Sénat, contrôlé par les démocrates.

Peu de tact

Le temps file : les élections, présidentielle et parlementaire, se tiendront en novembre, et l’incertitude totale qui les entoure ne permet pas d’écarter le scénario d’un retour de Donald Trump à la Maison Blanche, ainsi que celui d’une majorité républicaine au Sénat. Dès lors, Josh Barro appelait à jouer en défense « de façon maligne et prudente », en profitant du moment pour une relève de la garde. Selon lui, le tabou public sur cette question « fait partie d’une folie plus large, la façon dont le Parti démocrate pense en termes de diversité et de représentation ».

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