vendredi, décembre 19

Un double déni menace l’Europe. Le premier serait de ne pas prendre au sérieux le message que les Etats-Unis de Donald Trump adressent aux Européens : l’Alliance atlantique ne les intéresse plus. Le second serait de traiter par le mépris le portrait d’une Union européenne (UE) en perte d’influence dressé par l’Amérique trumpiste : il contient une part de vérité – hélas.

Les optimistes diront que l’OTAN – l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord créée en avril 1949 – reste en place. Les bases de l’OTAN en Europe ne sont pas fermées. Washington maintient sa part de financement et l’essentiel de ses troupes. Mais l’esprit du traité est étouffé, neutralisé. La solidarité instituée de part et d’autre de l’Atlantique n’est plus automatique, elle devient conditionnelle. Un pacte de défense repose sur la confiance : celle-ci est rompue. Il s’appuyait sur des valeurs communes : elles sont indifférentes, sinon parfaitement étrangères, à Trump.

Le document stratégique sur la sécurité des Etats-Unis émis le 5 décembre par l’administration Trump annonce une nouvelle forme de D-Day : Departure Day, « le jour du départ ». L’Amérique s’en va. L’Alliance, ce pacte de défense formé au lendemain du deuxième conflit mondial et à l’aube de la guerre froide, est « touchée dans son essence » politique, pour reprendre une expression du Times de Londres. Les Etats-Unis doutent qu’une Europe qu’ils disent en pleine décadence, menacée d’« effacement civilisationnel » et « subvertissant » la démocratie, que cette Europe-là soit digne de compter parmi leurs alliés.

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On peut à bon droit s’interroger sur la pertinence de leçons de civilisation et de démocratie administrées par Donald Trump – pas vraiment un homme des Lumières. Mais la vraie interrogation est autre. Et si l’OTAN n’avait été qu’une parenthèse, l’exception dans une Amérique dont la tradition, durant plus de deux siècles, fut de se défier de tout engagement durable à l’étranger ? « Evitez toute alliance permanente avec une quelconque partie du monde », disait George Washington, le premier président de l’Union américaine, dans son discours d’adieu, le 19 septembre 1796.

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