dimanche, mai 19
Sam Berger (Nina Meurisse) dans la série « La Fièvre », créée par Eric Benzekri.

CHRONIQUE

Le sixième et dernier épisode de La Fièvre s’est achevé sur une scène que même les journalistes, qui ont pourtant accès à la plupart des épisodes avant leur diffusion, n’avaient pas été autorisés à visionner. On y voit la communicante Sam Berger convoquée à l’Elysée pour y rencontrer un personnage issu de la première série créée par Eric Benzekri, Baron noir, création originale de Canal+. Philippe Rickwaert-Kad Merad, désormais président de la République, lui pose cette question : « On en est où ? Avant ? Juste avant ? Longtemps avant ? Ou ça a déjà commencé, la guerre civile ? » Et surtout : « Est-ce que vous pensez qu’on peut s’en sortir ? »

Lire la critique (2024) | Article réservé à nos abonnés « La Fièvre », une prémonition de la guerre civile montée en série

Le recueil de contributions, réunies en un temps record par la Fondation Jean Jaurès, un think tank social-démocrate, et mis en ligne, gratuitement, vendredi 19 avril, tente de donner à cette question vertigineuse un début de réponse, et revient plus largement sur les qualités de La Fièvre, examinées à l’aune de plusieurs disciplines (science politique, communication, analyse de l’opinion, journalisme, psychanalyse…) et de plusieurs positions sociales (chercheur, élu local, syndicaliste, chef d’entreprise…). Une trentaine de personnes ont répondu présent, signe que les six épisodes de La Fièvre ont bel et bien su saisir, comme c’est souvent le cas dans les séries, quelque chose de l’air du temps.

Certaines contributions font plusieurs pages, d’autres sont plus courtes, toutes partent d’une même intention, mise en mots par Raphaël Llorca et Jérémie Peltier, les coordinateurs du rapport : « Faire atterrir [les] intentions [d’Eric Benzekri] dans le réel, en les confrontant au regard de ceux qui l’analysent. » Il ne s’agit heureusement pas d’aller vérifier la véracité des situations développées dans la série – tous les contributeurs sont bien conscients des nécessités de la fiction et de la dramaturgie, surtout sur une chaîne qui a fait de la qualité de sa création sérielle une marque de fabrique – mais d’en tirer des conclusions et des enseignements.

Questions passionnantes

L’épaisseur du recueil ne doit pas décourager : malgré l’inévitable redondance de certains thèmes, toutes les contributions soulèvent des questions passionnantes. Dans la première, le philosophe Milo Lévy-Bruhl compare le personnage de Sam Berger à une incarnation du « prophète de malheur juif » et développe une très stimulante réflexion sur les efforts d’Eric Benzekri pour ressusciter l’esprit et la lettre du socialisme. La philosophe Sandra Laugier s’amuse, quant à elle, du curieux effet de réel produit par l’apparition de Philippe Rickwaert à la fin de la série, comme si le personnage, devenu « réel », avait été réintroduit dans la fiction.

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