vendredi, janvier 10
Un insigne des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) porté par un soldat, à Lubero, dans l’est du pays, le 26 décembre 2024.

Les récents pourparlers entre Kigali et Kinshasa pour la paix dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), en proie à la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23), ne s’attaquent pas aux causes profondes du problème, a estimé jeudi 9 janvier le président rwandais, Paul Kagame. Le M23, groupe armé soutenu par Kigali, ne cesse de gagner du terrain malgré un cessez-le-feu conclu en 2024.

Le week-end dernier, le mouvement rebelle a pris le contrôle de la ville-clé de Masisi, à quelque 80 kilomètres au nord-ouest de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, à la suite de combats qui ont, selon l’ONU, entraîné le déplacement de plus de 100 000 personnes.

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En décembre, des pourparlers entre M. Kagame et le président congolais Félix Tshisekedi ont échoué. Un accord pour la paix devait être mis sur la table lors d’un sommet à Luanda en Angola, mais le chef de l’Etat rwandais ne s’y est jamais rendu.

« Partout où il y avait des réunions pour discuter de la manière de mettre fin à ce problème, le Rwanda était présent », a affirmé M. Kagame lors d’une conférence de presse. « Mais, au final (…), l’objectif n’est pas de mettre fin au problème, l’objectif est de se faire photographier, a-t-il poursuivi. Nous devons obtenir des résultats en nous attaquant aux causes profondes. »

Nébuleuse de milices pro-Kinshasa dans l’Est

La diplomatie rwandaise a assuré que de « nombreuses parties » du territoire de Masisi étaient entre les mains des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé formé par d’anciens hauts responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, depuis réfugiés en RDC. Ce groupe qui combat le M23, comme le fait une nébuleuse de milices pro-Kinshasa dans l’Est, constitue aux yeux de Kigali une menace permanente.

Selon Kinshasa, Kigali cherche à faire main basse sur les ressources naturelles, notamment minières, de l’Est congolais. Le Rwanda rejette, lui, les rapports d’experts, y compris des Nations unies, selon lesquels il soutiendrait directement le M23.

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M. Kagame a néanmoins martelé que les combats ne pourraient cesser tant que les FDLR ne seraient pas éliminées. « La question des FDLR doit trouver une réponse. Il n’y a pas moyen de l’esquiver ou de tourner sans fin autour du problème », a-t-il déclaré.

La ministre des affaires étrangères congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, a assuré de son côté, lors d’un point presse jeudi à Kinshasa, que son pays reprendrait les pourparlers de paix si l’occasion se présentait. « Si le processus de Luanda devait reprendre en nous donnant des raisons fiables, nous reviendrions à Luanda, a-t-elle souligné. Nous avons toujours insisté sur le fait que la solution à ce problème, la solution diplomatique, ne serait trouvée qu’à Luanda. »

Le Monde avec AFP

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