lundi, novembre 18

« On peut avoir 15 000 euros un jour, 6 000 le lendemain. J’ai appris à ne pas paniquer, à regarder la somme varier. » A 26 ans, Jérôme (qui n’a pas souhaité donner son patronyme) a déjà tiré des leçons de ses aventures cryptoactives. « Les premiers mois, j’achetais et je vendais souvent. Il ne faut pas. Il faut faire des recherches, être convaincu et attendre », estime ce développeur Web, qui s’est surtout renseigné sur X et sur des groupes Telegram, « pendant des heures la nuit, les premiers temps ».

« J’ai fait mes comptes, j’ai dû mettre 4 000-5 000 euros depuis le début, là j’en suis dans les 8 000. » Pas sur le bitcoin, la plus célèbre des cryptomonnaies, mais sur d’autres « comme ether, solana et Polkadot, Chainlink, Hbar… Je suis plutôt en mode recherche de pépites ». Ce Nordiste avoue avoir aussi « testé pas mal de conneries, même des chats NFT », des images numériques dont l’unicité est garantie par une blockchain, technologie sécurisée de stockage et de transmission d’informations.

« Je m’y suis intéressé vers 2020 quand j’ai eu mes premiers salaires, je cherchais des investissements. On a l’impression d’avoir une opportunité avec les cryptos : faire “fois dix” ou “fois cent”, à notre âge on se dit que ça pourrait être un sacré gain de temps dans la vie, là où des plus âgés se diront qu’ils ne peuvent pas risquer. C’est sûr qu’avec le Livret A, tes cheveux restent noirs ! Je le fais aussi un peu pour la science, j’explore, je crois en la blockchain, pas que pour les cryptos. »

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Générationnels, les cryptoactifs ? Les jeunes sont en tout cas surreprésentés dans ce monde et le phénomène s’accentue. Parmi les Français en ayant déjà acquis, 57 % auraient entre 18 et 34 ans, 24 % moins de 25 ans, selon un sondage Ipsos-ADAN-KPMG mené en décembre 2023. Cette part des plus jeunes a doublé en un an malgré les polémiques autour de l’impact environnemental de ces technologies.

Réseaux sociaux et influenceurs

« Les nouveaux acquéreurs sont surtout des néomajeurs, note Stanislas Barthelemi, senior manager chez KPMG. Le moteur est clairement générationnel. C’est naturel pour eux d’investir dans cette classe d’actifs numériques, qu’ils se sont appropriée. A l’inverse, le 100 % numérique est une barrière pour les plus âgés. L’acculturation n’est pas passée par les médias classiques mais par les réseaux sociaux et les influenceurs. »

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Owen Simonin, 27 ans, alias Hasheur, est l’un des plus réputés de ces crypto-influenceurs. « Plein d’aspects des cryptos collent avec cette génération, confirme l’entrepreneur aux 700 000 abonnés YouTube, qui vulgarise le sujet à coups de vidéos vitaminées. Les plus jeunes aiment le côté ludique. Ils veulent que ça swingue, pas faire 2 % par an. Et les cryptos, ça bouge ! La plupart les découvrent en spéculant, mais souvent après ils s’intéressent à la technologie, aux projets : ces temps-ci, par exemple, les cryptos liées à l’intelligence artificielle cartonnent. Le sentiment d’être hors système, l’indépendance vis-à-vis des banques et des Etats plaisent aussi. »

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