jeudi, septembre 19

La réussite des Jeux olympiques et paralympiques de Paris n’a pas été le seul succès de l’été 2024. La victoire sur l’inflation en est un autre : fin août, la hausse des prix sur un an est tombée à 1,8 %, une première en trois ans. Les économistes sont confiants : la bête serait bel et bien agonisante, même si quelques soubresauts conjoncturels peuvent encore survenir dans les prochains mois.

Lire aussi | L’inflation en France est de retour au-dessous de 2 %, une première depuis trois ans, rapporte l’Insee

Le principal motif d’optimisme vient des prix de l’énergie, qui semblent durablement orientés à la baisse. Les prix des services, les derniers à répercuter l’inflation, semblent aussi s’assagir plus vite que prévu. De sorte qu’en février 2025, au cœur de l’hiver, l’inflation devrait être comprise entre 0,8 % et 1 %, pronostique Stéphane Colliac, économiste chez BNP Paribas. Dans ses projections, la Banque de France confirme que l’indice des prix passera durablement en dessous de 2 % dans les premiers mois de 2025.

Pourtant, les consommateurs ne s’y retrouvent pas. Partout, la même antienne : on parle de désinflation, mais les prix ne baissent pas ! Sceptiques, les Français continuent de brider leurs dépenses et préfèrent continuer à arrondir, s’ils le peuvent, leur bas de laine. Ils ne sont pas seuls à s’étonner de cet apparent paradoxe. A l’adresse des Américains, « qui se plaignent que l’inflation soit peut-être en recul, mais que les prix soient toujours élevés », Paul Krugman, Prix Nobel d’économie 2008, rappelle sur le réseau social X que, durant le siècle écoulé, « un seul président [américain] a connu une forte baisse des prix à la consommation. Son nom était Herbert Hoover ». Rares sont ceux qui sont encore là pour s’en souvenir, mais Hoover est entré à la Maison Blanche en novembre 1928. Sous son mandat, l’Amérique a traversé la Grande Dépression de 1929, prélude à la montée du nazisme en Europe et à la seconde guerre mondiale…

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés «  Le prix de l’essence est, pour le grand public, l’un des plus sûrs indicateurs du niveau de l’inflation »

La référence historique de Paul Krugman rappelle en filigrane que si l’inflation est un fléau, la déflation – la baisse généralisée des prix – est un poison lent. Car que fait un acteur économique lorsqu’il suppose que le prix du produit convoité va baisser ? Il attend que la baisse se concrétise. Quand ce comportement est multiplié à l’infini, l’économie s’arrête de tourner. Les transactions ne se font plus, les investissements sont gelés, les entreprises perdent de l’activité, les salaires n’augmentent plus, le chômage repart à la hausse.

Ni trop ni pas assez

A contrario, la perspective d’une hausse possible des prix, en période d’inflation modérée, incite les agents économiques à ne pas différer leurs décisions : un ressort psychologique d’ailleurs bien connu des marketeurs, qui n’hésitent pas à aiguillonner le client indécis en lui annonçant que les tarifs vont augmenter s’il ne finalise pas rapidement son achat.

Il vous reste 31.17% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version